Selon un récent rapport du Département américain de l’agriculture (USDA), l’Algérie peut devenir, dans les prochaines années, l’un des principaux hubs de la trituration de soja pour la production d’huile en Afrique. Selon l’USDA, l’industrie de cette plante oléagineuse pourrait satisfaire environ 90 % des besoins nationaux en tourteaux une fois les projets d’investissements opérationnels. En effet, le lancement de nouveaux projets d’investissements ou l’extension des capacités de trituration de l’oléagineux seront les principaux moteurs du développement de l’industrie, une tendance enregistrée également en Egypte et en Tunisie sur les quinze dernières années. Toutefois, même si le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a mis le cap sur la production d’huiles pour réduire la facture d’importation, il n’en demeure pas moins que certains grands projets n’ont malheureusement pas encore vu le jour et restent bloqués par les autorités pour une raison ou une autre. Ainsi, à partir de ce constat pessimiste, on se demande si vraiment il existe une volonté dans la promotion et le développement de la production d’huiles en Algérie. Le cas du fameux projet de trituration de graines oléagineuses initié par le groupe Cevital, qui, d’ailleurs, a fait couler beaucoup d’encre, est un exemple qui mérite d’être évoqué dans ce cas précis. Malgré la réception en 2017 des machines de l’usine de trituration de graines oléagineuses au niveau du port de Béjaïa, les responsables de l’entreprise portuaire ont refusé d’autoriser le déchargement de machines destinées au montage de l’usine.
Pourtant, une fois achevée, l’usine pouvait permettre à l’Algérie une autosuffisance en matière d’huiles brutes qu’elle importe présentement à 100%. Sans rentrer dans les détails de cette affaire, il s’avère que l’entreprise portuaire de Béjaïa n’avait pas d’argument valable pour expliquer à Cevital le refus de la réception des équipements en question. Par ailleurs, il est important de souligner que l’actuel gouvernement a décidé de débloquer tous les projets de l’homme d’affaires que l’ancien gouvernement a bloqués. Omar Rebrab, le fils aîné du P-DG de Cevital a affirmé qu’avec ce nouveau gouvernement, la communication a été rétablie. «Ils ont écouté nos doléances, demandé des documents de chaque blocage qu’on avait et se sont engagés à nous accompagner pour le déblocage des projets, notamment celui de l’unité de trituration de graines oléagineuses de Béjaïa (1.000 emplois directs et 100.000 indirects)».
Aussi, il faut noter que les importations de graines de soja ont connu une progression fulgurante en passant de moins de 150.000 tonnes en 2017/2018 à plus de 550.000 tonnes en 2019/2020 avec près de 70 % des cargaisons provenant du Brésil et des Etats-Unis. Déjà, la hausse de la capacité domestique de trituration a permis de réduire le volume des importations de tourteaux de 1,51 million de tonnes en 2017/2018 à 1,14 million de tonnes en 2019/2020. Pour rappel, l’Algérie est le deuxième consommateur africain d’huile de soja, derrière l’Egypte, et le quatrième importateur mondial de cette denrée.
Rabah Karali