Aujourd’hui, la technologie prend une place de plus en plus importante dans notre quotidien. En Algérie, l’entreprise «Right Innov» s’est spécialisée dans le domaine de la recherche développement innovation. Nous avons voulu en savoir un peu plus et avons visité ce lieu afin de trouver des réponses à nos questions !
Située au niveau d’un open space possédant une vue panoramique à couper le souffle sur la baie d’Alger, cette entreprise spécialisée dans l’intégration et le développement de solutions technologiques a vu le jour grâce au soutien financier du groupe Cevital.
A peine entrés, nous tombons nez à nez avec le DG, au milieu des employés entrain de superviser l’avancement du travail. Il nous accueille chaleureusement et nous convie à nous assoir autour d’une table ronde, au niveau de l’open space. Se placeront à nos côtés différents acteurs de la compagnie. En commençant par la droite, se trouvent Monsieur Samir Tagzout, DG de Right Innov, Ghanem Farid, Directeur R/D /I, Abdelkrim Boudiaf, Directeur intégration Processus de Fabrication et enfin Amel Souid, Manager Marketing Opérationnel.
Nous commençons alors à aborder plusieurs questions concernant l’entreprise, et l’équipe de travail, auxquelles répondront nos différents interlocuteurs.
Crésus : Quelle est l’histoire de Right Innov ?
Samir: En 2016 le groupe Cevital nous a contactés pour monter l’équipe Recherche et Développement et Innovation (RDI). Nous avons été affectés au pôle industriel, on a travaillé essentiellement avec le groupe Brandt spécialisé dans l’électroménager.
De 2016 à 2020 nous avons réalisé des plateformes que vous pouvez voir sur notre site web rightinnov.com. Certaines sont en vente, comme celle de distribution du contenu multimédia sur les télévisions, depuis 2017.
Nous avons également le four connecté de Brandt avec une plateforme Internet of Things (IoT) intégrée. C’est le produit phare de la marque, il est distribué en Europe principalement.
Nous avons réalisé beaucoup de solutions, et ce portefeuille de réalisations supporté par le top management du groupe Cevital nous a permis la création de cette entreprise, un business du développement technologique qu’est devenue Right Innov.
Pouvez nous nous expliquer ce que c’est au juste IoT (Internet of Things) ? :
C’est le fait que tous nos objets connectés quotidiens puissent être sur une plateforme permettant de les observer, les utiliser et contrôler avec ou grâce à ses objets. Eventuellement, exploiter les données acquises de cette plateforme.
La création de cette plateforme permet de les mettre en place au niveau des maisons intelligentes ou dans l’industrie (iIoT). Une usine produit des biens matériels mais aussi des données qui peuvent être exploitées afin d’optimiser sa production et productivité ainsi que celle des employés. Nous aurons également de la donnée qui, intégrée à d’autres plateformes IoT permettra non seulement une monétisation mais encore une exploitation dans tous les domaines imaginables (commerce, politique, dans les études…)
Comment pouvez-vous garantir la bonne utilisation de ces données ? Il y a des cas où les données ont été utilisées par des tierces personnes à des fins malveillantes (espionnage industriel, tracking..), comment faites-vous pour contrôler toutes ces données parfois sensibles ?
Au niveau technique, dès qu’on utilise un ordinateur et de la connectivité, il y a toujours un risque que l’on soit piraté ou surveillé. Il existe des outils software et hardware capables de défendre les données. Nous prenons toujours en considération cet aspect lors de la réalisation de nos projets afin de sécuriser au maximum le système et la plateforme.
Il y a aussi d’autres considérations, juridiques cette fois ci, de réglementation. Elles doivent aussi être prises en compte. Pour le four connecté avant commercialisation, Brandt a suivi tout un processus juridique, dans lequel nous étions impliqués. Ils se sont assurés que toutes les procédures, engagements, législations soient respectés. Il a fallu qu’on précise quel genre de données nous allions collecter et quelle utilisation nous allions en faire et à quel personne ou institution elles seraient transmises, à quelles fins.
En Algérie est-ce que cette réglementation sur l’utilisation des données est existante ?
Elle n’est pas très claire mais elle est existante. Néanmoins, elle ne fournit pas tous les détails dont nous avions besoin pour investir réellement dans ce domaine.
Diriez-vous que la digitalisation arrive à prendre ses marques en Algérie ?
Nous sommes très en retard dans ce domaine. Il y a 20 ans on disait qu’on était à l’ère de la technologie de l’information, aujourd’hui nous sommes à l’ère de la data donc la période de la technologie de l’information est déjà dépassée.
Nous n’avons pas pris les choses au sérieux et comme il le fallait. Même si dans les années 70 l’Algérie était parmi les pays qui possédaient déjà des ingénieurs en informatique. Ils ont hélas servis d’autres pays comme le Canada. Il y a beaucoup de travaux nécessaires à réaliser. On doit faire de la digitalisation, de l’IoT, appliquer et exploiter des applications multi capteurs. Tout ce travail nous devons le réaliser sinon nous risquons de le subir. Nous devons travailler collectivement. Les institutions, entreprises et entreprises de RDI individuellement ne peuvent pas maitriser et suivre ces technologies.
La réalité augmentée s’impose de plus en plus, les usines twin (usines clones) par exemple avec une existence physique et virtuelle permettent une meilleure productivité, de meilleures analyses, prédiction, aide à la prise de décision. Tout cela s’impose de nos jours.
Justement pour arriver à de tels résultats, il faut avoir une équipe efficace et bien formée. Comment choisissez-vous vos collaborateurs et membres d’équipe ?
C’était une question difficile lorsque nous avons rejoint Cevital, puisqu’en Algérie, on ne fait pas de l’innovation et de la recherche et développement. Donc quand on cherche des profils qui vont vous faire des produits ou services à vendre, on ne trouve généralement pas.
Notre équipe est composée de quelques personnes qui étaient à l’étranger, le reste c’est des ingénieurs sortis des universités Algériennes (Babezouar, Blida, Polytechnique, Sétif).
Donc comme les profils d’ingénieur développement dans l’électroménager n’existent pas en Algérie, on a créé des cursus pour créer ces profils qu’on recrutait. On a donc fait du mentoring des développeurs avec des collaborateurs travaillant sur les lignes de production de l’usine.
. C’était donc un travail de collaboration lors de ces projets. Ou alors nous avons recrutés des développeurs travaillant dans d’autres domaines.
Nous avons utilisé des ressources existantes en Algérie. Nous avons ramené des équipes d’étrangers spécialisés dans les tests normatifs afin de former nos équipes. C’est un gain d’argent mais aussi à long terme cela nous permet de gagner en qualifications.
Il faudrait que plus d’entreprises s’engagent à créer des pôles RDI car elles trouveront aux alentours tous les profils nécessaires à la création de leurs équipes. Il suffit d’être réaliste, patient et motivé.
L’Algérie s’engage de plus en plus dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. Que pourriez-vous proposer comme solutions afin de répondre à cette problématique ? :
Farid : Effectivement, notre environnement est maltraité au quotidien, et beaucoup des effets néfastes causés par les activités humaines ne sont pas visibles et mesurables directement. Car nous ne les mesurons pas ou ne disposons pas des outils adaptés à le faire. Grâce aux nouvelles technologies, nous arrivons à produire des capteurs à très faibles coûts qu’on peut produire à grande échelle et distribuer, permettant ainsi de faire remonter beaucoup d’information en même temps, c’est l’intérêt de l’IoT.
De là par exemple on peut mesurer la pollution de manière continue à différents endroits pour mesurer l’ampleur des effets d’une activité sur l’environnement. Il sera plus facile alors de prendre des mesures efficaces afin d’intervenir là où c’est le plus urgent et pertinent d’intervenir.
En aval, on peut faire intervenir l’intelligence artificielle (IA). Parce que dès le moment où on récupère des données à grande échelle on peut utiliser l’IA afin d’apprendre et prédire ce qui risque d’arriver. Dans le domaine de la prescription, on pourra ainsi suggérer ce qu’il faut faire pour atteindre un objectif donné.
Comment décrieriez-vous l’ambiance de travail ?
Amel et Abdelkrim : Très saine et productive, nous avons la possibilité de faire du télétravail. Je me sens comme chez moi. Chacun a la liberté de gérer son planning avec une obligation de résultat. Cela permet d’être plus performant. Nous avons aussi un Babyfoot pour décompresser. Il y a beaucoup de respect, et de travail en groupe. C’est un climat favorable à la création et créativité.
Un mot de la fin peut être ?
Samir : Aujourd’hui il y a une bonne vague de création de startup et d’entreprises qui font dans le développement technologique en Algérie, il y a même un ministère délégué chargé de cette coordination. Il serait bien de rajouter à cette vague des équipes comme celle de Right innov. Démultiplier le nombre d’équipes ne peut que servir le pays et notre entreprise aussi.
Créer un écosystème, avoir des ingénieurs compétents à profusion sur tout le territoire, créer le business de la technologie ne peut que nous servir. Je me demande même comment nous pourrions nous en sortir sans cela dans la dizaine d’années à venir.
A ce discours de création de startup, de création et transformation d’agences, il faudrait aussi parler des gens qui ont déjà des résultats comme Yassir ou Delta log. Ce sont des initiatives qui ont réussi malgré la difficulté et ont pu réaliser des choses. Ce genre de discours donne de l’espoir à ceux qui tentent de faire avancer la situation. Et ces personnes-là sont vos voisins, vos cousins, des jeunes du quartier. La réussite dans le domaine de la high-tech est à portée de main pour tout le monde.
S. Chaoui