La 12e session du Conseil d’association Algérie-UE par visioconférence a été une occasion de remettre les pendules à l’heure dans un contexte de frictions provoquées par une résolution quelque peu paternaliste du Parlement européen à l’encontre de l’Algérie. «Revenir à plus d’équilibre» dans l’accord demeure le principal axe de travail de la partie algérienne, qui a su rappeler clairement que les intérêts doivent être mutuels.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a commenté la reprise des négociations en présentant d’emblée la position algérienne : «En tant que négociateurs algériens, nous sommes assez conscients des manquements en matière d’application de l’accord d’association, notamment dans son aspect commercial. L’essentiel est qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre et il est évident que quand il y a déséquilibre nous intervenons pour le corriger». Et d’ajouter : «Les relations de l’UE avec l’Algérie sont vitales. L’Algérie est la porte de l’Afrique, l’Algérie est aussi un facteur de stabilité dans la région et elle est aussi un marché de 45 millions d’habitants (…) L’accord est aussi vital pour l’Algérie, particulièrement en termes d’investissement». Pour rappel, l’Algérie a pu utiliser son droit de réserve pour contrecarrer ces dernières années les préjudices causés à la balance commerciale des échanges hors hydrocarbures tout en réaffirmant la nécessité de revoir cet accord. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune, a, pour sa part, déclaré en septembre dernier, échéance correspondant au lancement de la zone de libre-échange : «Nous allons revoir le calendrier (du démantèlement tarifaire) et ils (UE, NDLR) sont d’accord concernant cette révision à laquelle s’attellent des économistes (…) Nous sommes en principe des partenaires de l’UE mais pas au détriment de notre économie».
La parade Boukadoum
Du côté de l’Union européenne, même si l’on ne remet pas en question ces aspects liés au rééquilibrage dans les échanges, des parties persistent à vouloir coupler aux discussions économiques des sujets plus subjectifs ayant trait aux droits humains en voulant justifier la dernière résolution du Parlement européen et ses tentatives d’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie. «L’UE a également mis sur la table la question des droits humains, rappelant que la relation bilatérale était fondée notamment sur le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux ayant trait à l’Etat de droit et au respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales», a rapporté l’AFP, l’agence française de presse. Tandis que le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum a de nouveau réagi avec force : «L’Algérie sera toujours là pour dénoncer vigoureusement avec force de pareilles résolutions». Selon une source qui participe à ces négociations, ce genre de pressions sur le volet «vexant» des droits de l’Homme a comme objectif de déstabiliser l’Algérie afin qu’elle cède sur d’autres dossiers commerciaux ou relatifs aux flux migratoires africains vers l’Europe. Une tactique connue au niveau international et qui survient souvent à la veille de négociations importantes, une tactique comparable aux offensives de lobbyistes réputés de Bruxelles qui ne cachent pas leurs manœuvres contre des Etats souverains puisqu’ils sont «payés pour cela», explique notre source. On comprend donc la subtile parade de Sabri Boukadoum : «Le message de l’Algérie est bien reçu par la partie européenne (…) Tous les partenaires européens (France, Italie, Hongrie, Portugal Allemagne…) ayant séjourné récemment en Algérie sont conscients de ce déséquilibre et ont abordé cet accord en prélude de la réunion d’aujourd’hui.» Façon de dire que l’économique prendra forcément le dessus…
Nordine Mzala