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L’Algérie, puissance de paix

Par Nordine Mzala

Au cours d’un entretien accordé à Crésus, l’expert en relations internationales, Ali Mebroukine, a mis en avant quelques éléments d’information d’une très grande importance concernant la vocation de l’Armée Nationale Populaire algérienne à assumer son rôle de puissance régionale selon les canons de sa politique extérieure, c’est-à-dire anti-impérialiste et solidaire de tous les peuples.

Puissance, oui mais…

Le spécialiste des questions stratégiques, Ali Mebroukine, a expliqué que l’achat d’avions de chasse de dernière génération par l’Algérie visait à équiper l’Armée algérienne de moyens modernes tels ces appareils qui ont fait l’objet d’une commande remontant à quelques temps dans le cadre de l’anticipation nécessaire dans ce domaine. «C’est une ancienne commande que l’Algérie doit honorer. Nous avons des frontières communes avec sept entités étatiques dont le Sahara occidental et il y a un jeu de certaines puissances moyennes dans la région. L’Algérie doit se doter d’un armement moderne qu’elle n’utilisera que pour se défendre» a-t-il rétorqué au sujet de l’acquisition de 14 avions de combat cinquième génération Sukhoi Su-57.

«Pour se défendre», en effet, parce que l’Algérie, comme le Pr Mebroukine l’a si justement souligné, ne conçoit pas la puissance dans son acception expansionniste ou colonialiste. Déjà membre actif, durant la Révolution, du Mouvement des Pays Non Alignés, membre de l’OUA puis de l’UA où des Algériens tels Ramtane Lamamra et Smail Chergui ont assumé la présidence du Conseil de Paix et de Sécurité, l’Algérie a toujours défendu les politiques de bon voisinage, la médiation politique lors des conflits entre pays ou parties intégrantes d’un même Etat.

Anticolonialiste !

La puissance militaire algérienne n’est donc pas à comparer à d’autres pays connus pour leur tendance à interférer dans les affaires souveraines de pays tiers mais comme une force défensive à l’intérieur de ses frontières et de maintien de la paix dans ses missions à l’extérieur. Ce qui n’empêche pas la mise à niveau technologique et le perfectionnement continu de ses capacités opérationnelles afin de garder son potentiel de riposte reconnu et redouté dans un contexte de tension aux frontières.

Une force de frappe qui associe la dissuasion à l’action quand c’est nécessaire. Or, l’Algérie ne compte pas se limiter à l’achat du matériel et des équipements pour assumer son leadership militaire au service de la paix et de la stabilité dans le sous-continent. Depuis des années, l’ANP développe sereinement une industrie militaire qui profite aussi aux populations civiles tels ces minibus en partenariat avec l’Allemand Mecedez-Benz montés à Tiaret.

Ainsi, la fabrication de véhicules de tous types, d’armements divers, de munitions et autres équipements font l’objet d’un investissement constant où l’acquisition du savoir-faire est aussi importante que la production elle-même. Cette autonomie en pleine croissance et basée sur l’exigence de qualité contrarie bien entendu beaucoup d’officines que la puissance militaire algérienne dérange. Nonobstant le voisin de l’Ouest qui occupe de Sahara Occidental et continue à couver des fantasme d’expansion territoriale jusqu’aux terres algériennes, des pays occidentaux exercent des pressions énormes sur les partenaires de l’Algérie dans ce domaine de la coopération industrielle militaire.

Anecdote significative.

Pour exemple, la mésaventure de cet ambassadeur d’un pays de l’ex-Yougoslavie avec lequel l’Algérie a monté une usine de production de balles à l’intérieur du pays. Selon son témoignage que nous avons recueilli il y a quelques années, le diplomate a été appréhendé dans un aéroport parisien pour un interrogatoire chez les services de renseignements français au sujet de cette coopération entre le petit état des Balkans et l’Algérie. Des questions-reproches qui ont choqué l’ambassadeur qui nous a fait part de cette réalité.

La vocation algérienne de puissance continentale atypique, qui se place en travers des projets néocoloniaux, n’est donc pas aisée à assumer. Les propos du Chef d’Etat-major, Said Chanegriha, l’ont confirmé : «Le défi dans le monde d’aujourd’hui est celui de la connaissance et de la maîtrise de la technologie et que ces deux éléments étaient importants pour la souveraineté des nations, le Haut Commandement a décidé de s’engager dans le développement de l’industrie militaire en vue de satisfaire les besoins de l’ANP en produits logistiques et de soutien locaux et de contribuer, par la même, à la relance de l’industrie nationale». A bon entendeur !

N. M.

 

Nadir K

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