L’eau, une contrainte majeure
Le facteur hydrique est-il un enjeu majeur pour la mise en application du plan de développement de l’agriculture algérienne, notamment la feuille de route du ministère de l’Agriculture et du Développement rural ? C’est essentiellement à cette question que le professeur Brahim Mouhouche, enseignant à l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA) d’Alger a donné des réponses hier lors à l’émission «L’Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la radio nationale. S’exprimant à ce sujet, le professeur a indiqué que le volet lié à la ressource hydrique n’a pas été sérieusement pris en charge pendant la préparation du plan de développement agricole, notamment pour l’agriculture saharienne. A une question sur les nouvelles cultures industrielles qui vont être introduites dans le sud du pays à l’image de la betterave sucrière et du maïs, qui sont d’ailleurs très gourmandes en eau, Mouhouche a fait savoir que, premièrement, il est impossible de produire ces types de cultures en zones sahariennes du jour au lendemain considérant dans ce sens qu’il est nécessaire de donner le temps qu’il faut à l’exploitant agricole afin qu’il s’adapte à la pratique de ces cultures. Deuxièmement, l’autre contrainte que les agriculteurs vont rencontrer plus tard est celle de l’absence d’unités agro-industrielles pour la transformation de la matière première une fois la récolte terminée en plus du manque de matériels spécifiques destinés à ce genre de cultures comme les récolteuses, par exemple. Cependant, a-t-il rassuré, «ces contraintes peuvent être levées à l’horizon 2024». S’agissant de la mise en valeur des terres agricoles dans le sud du pays, dont l’objectif est d’atteindre 700.000 hectares en 2021 et 1.700.000 hectares en 2024, le professeur de l’ENSA a indiqué que toute la question est de savoir comment l’exploitation des ressources en eau va se faire étant donné que celles-ci sont non renouvelables et situées souvent au-delà de 2.000 mètres de profondeur et dont la salinité ne s’adapte pas toujours aux cultures projetées. En plus, compte tenu de leur température élevée, elles demandent à être traitées dans des structures appropriées. Quant au problème de la disponibilité de l’eau au niveau des régions nord du pays, l’invité de la Chaîne 3 a précisé qu’elles sont, d’une manière générale, tributaire des précipitations pluviales. En revanche, Mouhouche recommande la mise en pratique de solutions scientifiques et techniques à l’image du système d’irrigation du goutte-à-goutte qui demeure, du reste, une méthode de plus en plus adoptée par les agriculteurs algériens. Aussi, il faut savoir que plusieurs études internationales dans le domaine de l’eau classent l’Algérie parmi les pays les plus pauvres en eau avec une disponibilité de l’ordre 11,5 milliards de mètres cubes renouvelables par an, soit une quantité de 292 m3 par personne, alors que la moyenne mondiale est de 6.000 m3 par personne.
Rabah Karali