Bouteille à la mer L’étranglé Vue d’ensemble de la galerie Peinture acrylique rhizome expliqué par ses créateurs Quelques mots sur l’exposition et l’artiste
Nouvel espace de vie culturelle au niveau de la capitale, « rhizome » ouvre ses portes dans une conjoncture sanitaire exceptionnelle et promet d’animer la scène culturelle algéroise.
Selon le dictionnaire, en botanique le rhizome est une tige souterraine vivace, horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes.
Gilles Deleuze reprend ce terme dans son modèle philosophique selon lequel l’organisation des éléments ne suit pas une hiérarchie, mais là où tout élément peut en affecter un autre.
Nous sommes donc allés vérifier si cette définition décrivait bien la nouvelle institution culturelle « rhizome », nichée au cœur de la capitale, au 82 rue Didouche Mourad dans une bâtisse haussmannienne qui ravit les yeux dès l’entrée!
Nous y sommes chaleureusement accueillis par Khaled, Yanis, et Myriam qui gèrent ce lieu de rencontres artistiques et intellectuelles.
Ils nous expliquent qu’ils sont partis du constat que les artistes plasticiens ne sont pas suffisamment valorisés en Algérie et qu’ils ne trouvaient pas de lieu où travailler ni où exposer leur travail à cause de certaines restrictions qu’ils peuvent trouver face à eux.
Khaled nous dis alors que « l’idée de ce lieu s’est donc imposée par elle-même, nous proposons une galerie, un atelier de travail, et une chambre pour une résidence d’artiste. »
L’artiste pourra ainsi évoluer entre son lieu d’hébergement, son atelier et exposer ses œuvres sans se soucier de quoi que ce soit.
Concernant le nom de rhizome, ils nous expliquent que chacun des membres de l’équipe s’occupe de disciplines complémentaires. Ainsi, Khaled s’occupe du marché de l’art, Myriam de la programmation artistique et intellectuelle et Yanis de la médiation.
Des formations en critique d’art, en commissariat d’exposition et en Droit spécial de l’Art sont proposées au sein de ce lieu unique en son genre.
Ainsi on nous apprend que des expositions sont programmées régulièrement avec en complément des évènements tout le long de l’année tels que des rencontres, des conférences et des projections de films qui sont thématiques.
L’exposition inaugurale offerte à la visite est d’ailleurs « Stasis » et est signée Mehdi Djelil, plus connu sous le nom d’artiste Bardi.
Nous détaillons les œuvres proposées et entrons dans une autre dimension peuplée de personnages aux corps d’Apollon et aux têtes animales quand elles ne sont pas manquantes.
Mains attachées, doigt accusateur et yeux voilés, nous voici en face d’une justice aveugle nous pointant un rameau de laurier (ou d’olivier), symbole des héros dans l’antiquité.
Les couleurs sont vives, les symboliques fortes et le message passé puissant. Il est propre au vécu de l’artiste mais surtout décodé par les yeux du spectateur.
L’artiste nous déclare en ce sens que « chacun est libre d’interpréter mes œuvres tel qu’il le souhaite. Je ne veux pas cadenasser le public dans une vision qui m’est propre. »
Ce projet, Bardi travaille dessus depuis deux ans, il nous confie à ce sujet qu’ « avec tous les bouleversements, le coronavirus, le confinement j’ai dû me réfugier dans mon atelier quand je ressentais du désespoir. »
Il représente sous la forme de corps forts, musclés, mais surtout fatigués et usés par le temps, tout le travail, les sacrifices et les efforts que les personnes qu’il croise ont dû fournir pour arriver là où ils en sont.
« Leurs corps sont chargés d’Histoire, c’est comme s’ils flottaient à la surface et que je les repêchais pour leur offrir une expression propre à eux », nous explique-t-il.
Avec cette pandémie qui a chamboulé son quotidien, il s’est raccroché à l’art, car selon lui « l’art a survécu à tous les cataclysmes, toutes les catastrophes. Il survivra même aux Hommes qui l’ont créé »
« Stasis » est donc pour lui une occasion, un appel lancé aux gens afin « de revenir à la vie, reprendre notre vie, notre amour pour la vie. »
L’exposition « stasis » est disponible au niveau de « rhizome » jusqu’au 16 janvier. Dans la même thématique, un entretien avec la critique d’art du musée d’art moderne, Madame Agoune se tiendra le 28 de ce mois.
S. Chaoui