Il n’est pas toujours facile de survivre aux gens qu’on aime. Chaque jour que Dieu fait on nous annonce le décès pour cause de corona d’un pote, un ami, un proche ou quelque autre être humain malgré tout. Et s’il est bien vrai que les musulmans sont, en général, fatalistes et entretiennent un rapport particulier à la mort (Allah ghaleb, katba, oussel el adjel…), cela ne les dispense pas pour autant du devoir de vigilance sinon au moins d’un smig de civisme. Certes, la fin de tout individu est inexorable et inéluctable, et ce, quel que soit sa stature, son statut, son rang, bref sa condition socioprofessionnelle. Tant nul n’échappe à son destin. Mais, dans ce contexte particulier que nous impose cette satanée bestiole, force est d’admettre que trop de négligences sont à inventorier et répertorier. Malgré les appels incessants des pouvoirs publics à ce civisme qui tarde à éclore. Et à supposer même que ce ne soit pas le rôle premier de ces mêmes pouvoirs publics, il appartient davantage aux citoyens d’intérioriser, une bonne fois pour toutes, cette fameuse culture du civisme. Car celle-ci, en vérité, relève davantage de la cellule familiale et de l’école en tant que prolongement naturel du fait familial que des pouvoirs publics. Du fait que ces derniers ont pour mission première de mettre à la disposition des citoyens les moyens matériels et humains nécessaires à les prémunir du danger réel qui le guette autant chez lui, au travail que dans la rue. Tout ceci pour dire (et redire) que la férocité de ce virus n’épargne aucune catégorie d’âge et que, par voie de conséquence, prudence est mère de sûreté. Et c’est là où la notion de droits et devoirs interpelle toute la collectivité. Sur l’Etat il pèse une obligation de moyens et sur le citoyen une obligation de respect strict des consignes et autres mesures adéquates de prévention. Parce que sans le respect strict de cette batterie de mesures qui peuvent paraître draconiennes (mais surtout salutaires), toute la stratégie déroulée à partir du haut se diluera dans l’incivisme caractérisé et, pour le moins, suicidaire des citoyens. Pas plus loin qu’hier j’ai prêté une ouïe attentive à un membre du personnel paramédical d’un hôpital de la capitale qui poussait un véritable cri d’alarme. Raison de plus pour que les citoyens prennent pleinement conscience que plus ils s’en remettront aux mesures élémentaires de sauvegarde de soi et des autres, moins la pression sur les hôpitaux sera lourde. Avis donc à l’indifférent et rappel à l’intelligent…
Amar Zentar