L’agression militaire marocaine du Maroc avant-hier à El Guerguerat, en territoire sahraoui, risque d’être gravée dans le marbre de l’Histoire comme l’offensive coloniale de trop. Parce que le président de la RASD, Brahim Ghali, vient de déclarer la fin du pacifisme des opprimés qui ont jusqu’à présent respecté le cessez-le feu en refusant de répondre par la violence à la répression récurrente des soldats ou de la police du Makhzen. Il faut savoir que, par le passé, Brahim Ghali a donné du fil à retordre lors de plusieurs batailles aux forces royales qui savent qu’en plus de sa bravoure, le résistant sahraoui est un chef stratège qui saura organiser une nouvelle étape de la lutte armée si Rabat et la communauté internationale l’y contraignent. Et pour signifier que les derniers incidents militaires contre des manifestants civils ont réellement décidé les autorités de la RASD à réagir, le Président Ghali a dénoncé l’agression tout en reconnaissant l’intervention des forces sahraouies pour protéger les victimes. Aucun bilan n’a encore été rendu public mais il est à craindre que la situation ne dégénère et que le conflit embrase tous les territoires occupés dans une intifada que personne ne saura contenir. Le Président Ghali a aussi lancé un avertissement en publiant un décret portant sur «la fin de l’engagement au cessez-le-feu que l’occupation marocaine avait torpillé», autorisant l’APLS (Armée populaire de libération sahraouie) à prendre ses responsabilités dans le cadre d’un «état de guerre». Tragique conséquence de l’inaction des instances internationales qui n’ont cessé de reporter la mise en œuvre des résolutions de l’ONU pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination, voilà qu’on laisse éclater un conflit armé aux portes de l’Algérie au moment où les cendres du brasier libyen fument encore et que le retour au dialogue a pris une décennie. Que cherche à provoquer le Makhzen dans son aventure militaire alors que des discussions doivent se tenir entre l’ONU et le Front Polisario ? Il semblerait que l’escalade militaire a pour objectif de saboter la solution politique anticolonialiste dans le cadre du droit international. Or, ce que n’ont probablement pas prévu les conseillers du royaume, c’est cette réaction saharouie par la voix de son Président Brahim Ghali, qui n’a jamais renoncé aux aspirations légitimes de son peuple. Les officiers supérieurs de Sa Majesté, qui n’ont jamais fait preuve de grand courage face commandos Romeo Sierra de l’armée espagnole, du côté de l’îlot Persil, sauront certainement convaincre le Makhzen de revenir à la raison, plutôt que de se lancer dans une bataille perdue d’avance.
Nordine Mzala