Le Polisario décide de reprendre les armes
Vingt-neuf ans après l’accord de cessez-le-feu, signé sous l’égide de l’ONU, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) décide de reprendre officiellement la lutte armée contre l’occupant marocain, coupable d’avoir agressé, à nouveau, des civils sahraouis qui n’ont rien fait d’autre que réclamer leur droit à l’autodétermination. Ibrahim Ghali, le président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario, l’a annoncé officiellement hier. Il a même signé un décret présidentiel mettant fin à cet accord. Cela sans s’inquiéter de la réaction de l’ONU et du Conseil de sécurité qu’il a appelés, vendredi soir, à prendre leurs responsabilités devant ce qu’endure le peuple sahraoui depuis de longues années au su et au vu de ces organisations mais aussi des maîtres du monde. L’agression militaire marocaine contre des civils sahraouis, dans la région d’El Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental, vendredi dernier, a poussé la République sahraouie à radicaliser sa position : reprise de la lutte armée, point d’autre solution. Et c’est sur demande du peuple sahraoui avant les politiques que cette option a été validée, les Sahraouis ne pouvant plus supporter la brutalité et les intrusions du royaume du Maroc. Selon un document annonçant cette décision du Polisario de mettre fin à l’accord de cessez-le-feu, il est indiqué que «l’état-major de l’Armée populaire de libération sahraouie est mandaté à l’effet de prendre toutes les mesures liées à la mise en œuvre des dispositions de ce décret dans le cadre de la compétence qui lui est assignée». De même, le décret «mandate l’Autorité nationale de sécurité, dirigée par le Premier ministre, de prendre les actions et mesures liées à l’état de guerre, notamment en ce qui concerne la gestion et l’administration des institutions et des organes nationaux, mais aussi d’assurer la régularité des services». La veille, dans une lettre urgente, Ibrahim Ghali a saisi le secrétaire général de l’ONU et le Conseil de sécurité au sujet de l’agression marocaine, leur demandant de condamner immédiatement celle-ci. «C’est en toute urgence et avec une grande inquiétude que je vous écris pour vous informer que les forces militaires marocaines ont lancé une attaque brutale contre des civils sahraouis non armés qui manifestaient pacifiquement à El Guerguerat, dans le sud-ouest du Sahara occidental», a écrit le premier représentant de la RASD. Et ce dernier de qualifier les faits «d’acte d’agression et de violation flagrante du cessez-le-feu que l’ONU et le Conseil de sécurité devraient condamner dans les termes les plus fermes». Selon l’agence sahraouie SPS, cela fait trois semaines que des «Sahraouis civils (hommes et femmes), représentant notamment des associations de jeunes, de femmes, de travailleurs, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs ONG opérant dans le domaine socioculturel, observent des sit-in à différents endroits le long du mur de sable érigé par l’occupant marocain». Ce sont ces civils qui étaient la cible des militaires marocains.
La Minurso résolue à s’acquitter de son mandat
La réaction de l’ONU ne s’est pas fait attendre. L’organisation onusienne s’est dite préoccupée par les conséquences d’une telle attaque. «Ces derniers jours, les Nations unies, y compris le secrétaire général, ont participé à de multiples initiatives pour éviter une escalade de la situation dans la zone tampon dans la région d’El Guerguerat et mettre en garde contre les violations du cessez-le-feu et les graves conséquences de toute modification du statu quo», a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric. «Le secrétaire général regrette que ces efforts se soient avérés infructueux et se déclare gravement préoccupé par les conséquences possibles des derniers développements», a-t-il poursuivi. Aussi, «le secrétaire général reste déterminé à faire tout son possible pour éviter l’effondrement du cessez-le-feu en place depuis le 6 septembre 1991 et est déterminé à faire tout son possible pour éliminer tous les obstacles à la reprise du processus politique». En d’autres termes, a-t-il assuré, «la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) est résolue à s’acquitter de son mandat».
Meriem Chibane