Par Rachid Ezziane

Fais comme moi, ne donne ton amour qu’à la terre qui t’a vu naître et à la femme qui t’a fait naître. C’est en aimant ta patrie et ta mère que tu aimeras les autres. Mais avant d’aimer les autres, tu dois, tout d’abord, savoir ce qu’elles ont fait pour toi – ta patrie et ta mère. La terre, elle est comme la mère, douce, nourricière ; elle berce ton enfance de rire et de caresses. Oui, la terre patrie – avec ses arbres, ses fleurs, ses rivières, ses montagnes, son soleil, elle t’aime chaque jour. Et puis la terre, quand elle t’apprivoise – quand tu l’aimes, elle devient ton pays. Ta patrie. D’elle, tu prendras la couleur de ta peau, la langue, la religion, et même les habitudes et la culture. Elle te fournira ses fruits, son eau. Et tu vivras heureux, même si, ici et là, des fois, tes frères et sœurs te décevront. Mais en vérité, dès qu’elle fait appel à toi, dans les moments difficiles, tu accours pour lui porter secours. Et même que tu te sacrifies pour elle ; et même que tu acceptes le martyre que de la voir souffrir. Et elle te le rendra ton geste. Elle te portera dans son sein, parmi les tiens. Des années après, petit à petit, des siècles après, tu deviendras partie prenante d’elle. Tu composeras les particules de sa poussière…

Comme ta patrie, ta mère, la vraie – celle qui t’a mis au monde, elle aussi t’a porté en elle.  Et c’est avec des contractions douloureuses qu’elle t’a donné la vie. Ton premier vagissement la fit pleurer de joie. Elle te donna son sein et tu t’abreuvas de son lait.

Et comme de la terre, de ta mère, tu prendras les meilleures choses…

Alors, fais comme moi… n’oublie jamais de penser toujours à ta patrie. Et les femmes de ton pays respecte-les autant que tu pourras pour honorer celle qui t’a porté en son sein. Mais ne croit pas à la politique. Encore moins aux politiciens. La politique te prend de sa main gauche ce qu’elle te donnera avec sa main droite. La politique n’a pas de morale, ni de scrupule. Elle fauche tout ce qui entrave sa marche. Car elle n’a pas d’amis, car elle n’a pas d’ennemis. Elle ne croit qu’à elle-même. Elle ne vit que par elle-même et que pour elle-même. C’est parce qu’elle n’a pas de corps, ni âme ni esprit, qu’elle est corruptrice et sans gêne. Fais comme moi, ne te fie jamais à elle, car une fois que tu auras franchi son seuil, elle t’engloutira dans ses entrailles où ne vivent que le vil et l’infâme. Car la politique est comme l’hydre à sept têtes, au moment où tu crois l’avoir apprivoisée ou lui avoir coupée la tête, elle t’en sortira une autre tête pour t’humilier davantage…

Fais comme moi… Vis de ta sueur et ne rêve jamais de devenir politicien, car les politiciens vivent de la sueur des autres. Ils sont comme «tous les flatteurs qui vivent aux dépens de ceux qui les écoutent…». Et la portion de fromage dont tu as sué pour l’acquérir pour tes enfants de ta bouche tombera dans la leur. Et tu seras déçu. Et la déception politique tue. Et tu mourras avant l’heure de mourir. Et tu mourras lentement par l’isolement et l’abandon des faux amis que tu croyais être de vrais amis. Et… Bien fol est qui s’y fie…