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Référendum des uns et des autres

Par S. Méhalla

Il y a presque deux ans, des jeunes, saignés de leur richesse, de leur liberté, des jeunes assoiffés d’équité et de justice, fouettés par la flammèche d’une révolte juvénile, camisolés tantôt par la misère, tantôt par l’espoir qu’on leur miroitait dans l’esthétique d’un beau lendemain programmé à la saint glin-glin… ces jeunes-là se sont lancés, quitte à ce que cette étincelle devienne poussière, dans un mouvement de désaveu de tout le système en place.

Ô combien légitime, oui, et ô combien poétique tant que ce mouvement nous permettait, nous Algériens, d’avoir notre propre printemps de Prague, ô que oui ! sans pour autant s’immoler par le feu, et aussi loin d’une révolution de velours, d’un soulèvement des jeunes de Pékin, livrant «bataille» face à un char portant une démocratie armée par la répression…

Nos jeunes se maintenaient dans la sagesse d’une moue pacifique pour une Algérie à visage de justice. A visage de liberté d’actes et de parole.

On gerbait le mandat de trop du président de la prédation qui nous intoxiquait. On nous taxait du seul pays où la Mafia avait une République, une nationalité et des frontières.
Les États ne nous considéraient qu’à travers le prisme de convoitise, de la rapacité. « De faire fortune et vivre pour soi, c’est-à-dire rétrécir son cœur entre sa boutique et sa digestion », comme le décrivait si joliment Flaubert. Le plan sers- toi-et-tais-toi, leur a été concocté pourvu que les nôtres… Bref !

Bien évidemment que l’étranger en raflait et raffolait. S’en servait ayant pour complices des décideurs dénués de toute conscience pour ce pays.
Pour ce peuple.
Pour son histoire.

Ce hirak a, dans ce sens, été béni tel un COR qui tonne juste à chaque fois que l’histoire lui fait appel afin de menotter la main noire et briser le code de l’omerta. Contre le colonisateur, qu’il soit national- oui-oui-oui- contre le colonisateur national labellisé… exactement comme ce fut contre les porteurs des bienfaits de la civilisation.

Ce «non» longtemps mariné sur le feu doux de la peur de l’expérience sanglante, des vulnérabilités d’un pays riche mais dont les enfants s’appauvrissent d’année en année.
Mais la différence entre les ainés et aujourd’hui, réside justement dans cette prise de conscience montée de travers.
Ce manque de locomotive génératrice.
D’une arme efficace : la pensée.
Cette arme est l’intelligence aujourd’hui livrée par le président de la République. Toute cette matière grise devait sortir de derrière son ombre pour épicer ce qui se marine dans la prétention de la jeunesse…
Pas les adorateurs du dieu des vents, vaguant là où leur auguraient les courants de l’heure, non !
Le système a été certes totalitaire, soit, une monarchie sans roi et sans royaume.
Le pouvoir est absolu, soit encore.


Mais la raison d’une Constitution garante des droits de chacun l’emportera. L’histoire qui n’a de cesse à se redire, le redira. Du vote des électeurs. Du Citoyen souverain. Jamais sans lui.
Si l’histoire n’aime guère les raccourcis, elle a besoin de raison pour passer son chemin. Une Constitution dont nous serons redevables, j’espère, et qui doit s’inscrire dans l’ADN de la bénédiction du hirak pour que ce dernier purge ses zones obscures dans le prochain référendum, non pas être le havre des dogmes de recruteurs, d’artificiers politiques ou religieux, rêvant d’avoir la peau de ce pays et sa jeunesse. Et l’histoire s’en souviendra des positions des uns et des réticences des autres…

S. M.

Nadir K

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