Les mesures de rétorsion, brandies depuis de long mois, ne semblent pas faire long feu.
Dans un pays qui clame à tout va que la justice est indépendante, il semblerait que lorsque l’on a affaire à l’Algérie, la France retrouve ses reflexes de colonisateur. Sinon comment expliquer le vote par l’Assemblée nationale française d’une résolution exigeant «la libération immédiate» de Boualem Sansal. Cette résolution qui prend les allures d’une injonction, faite à la justice algérienne, démontre encore une fois que la France semble oublier que l’Algérie est indépendante depuis plus de soixante ans et que le temps de la colonisation est révolu. Le délire de l’assemblée française va jusqu’à essayer d’embarquer l’Union Européenne dans leur cabale contre l’Algérie.
En effet, la résolution invite, au-delà du cas Sansal, le gouvernement français, la Commission européenne et le Conseil européen à subordonner «toute coopération renforcée avec l’Algérie» à «des avancées concrètes» sur l’état de droit et les «libertés fondamentales». Parés de leurs attributs néocoloniaux, les députés français se permettent même de menacer l’Algérie en brandissant encore une fois la même rengaine. «La suspension de l’aide publique au développement», «la fin de la dispense de visa pour les oligarques algériens» ou bien «la fin des achats d’hydrocarbures en provenance de l’Algérie». Ces mesures de rétorsion, brandies depuis de long mois, ne semblent pas faire long feu. On est même impatient de les voir traduites sur le terrain. Mais c’est un pas que la France redoute à faire. «La fin des achats d’hydrocarbures en provenance de l’Algérie» est une option qu’on est tenté de voir se matérialiser.
Quant à «La suspension de l’aide publique au développement» aussi insignifiante qu’elle est, l’Algérie a déjà dit qu’elle n’en veut pas. Enfin pour ce qui est des visas, les restrictions de visas que pourrait mettre en œuvre la France mais cela touche directement la diaspora, un sujet très sensible dans l’hexagone. Au chapitre économique, si la France voudrait imposer des sanctions économiques, cela nuirait directement aux entreprises françaises qui sont implantées en grand nombre en Algérie, ce qui, bien entendu rend la marge de manœuvre très mince pour la France. Au final et pour reprendre les propos d’Henri Guaino, ancien conseiller de Sarkozy : «La France n’a aucun moyen de rétorsion contre l’Algérie». Il est clair que cette affaire Sansal qui semble obséder une partie de la classe politique française n’est faite que pour leur permettre de régler leur compte avec l’Algérie. C’est d’ailleurs ce qui est relevé par le député, LFI, Éric Coquerel, qui réagissant à cette résolution n’a pas hésité d’exprimer ses soupçons quant aux véritables intentions qui se cachent derrière le soutien que l’assemblée française veut apporter à Boualem Sansal. «Il faut savoir ce qu’on veut : est-ce qu’on veut que Boualem Sansal soit libéré ou utiliser Boualem Sansal pour régler des comptes avec Alger?» s’est d’emblée interrogé le député LFI non sans prévenir qu’avec l’Algérie, ni le chantage, ni les menaces ni encore la confrontation n’aboutiront à un quelconque résultat. «Vous savez très bien qu’on n’obtient pas des choses avec Alger sous le chantage, la menace et la confrontation», a si bien conclu, Éric Coquerel.
En effet depuis le début de ce macabre feuilleton, l’Algérie, contrairement à la France, n’a pas fait dans la surenchère, préférant laisser la justice algérienne faire son travail. Un travail qui n’agrée pas la France qui s’accommode avec les propos révisionnistes et anti-algériens tenus par Boualem Sansal depuis quelques années. La France devrait, plutôt, condamner Sansal pour sa tentative de nier l’existence même de la Nation algérienne.
Saïd S.