Alors que l’OMC annonce un ralentissement du commerce mondial en 2025 (–0,2 %, voire –1,5 % en cas d’escalade tarifaire), l’Algérie se trouve à un carrefour stratégique.
Par Samir MÉHALLA
Entre vulnérabilités et opportunités, le pays doit adapter sa politique économique pour naviguer dans un environnement international de plus en plus fragmenté.
Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine redistribuent les cartes économiques.
Si l’Amérique du Nord subira un choc violent (12,6% d’exportations), l’Afrique pourrait bénéficier d’un détournement partiel des flux, notamment dans les textiles, l’électronique et l’énergie. Pour l’Algérie, dont 70% des exportations reposent sur les hydrocarbures, la diversification devient une urgence absolue.
Quatre leviers pour transformer la crise en opportunité
- Profiter du réalignement des échanges : La guerre commerciale sino-américaine ouvre des brèches :
– Cibler l’Afrique et l’Amérique latine, où la Chine renforce ses exportations.
– Remplacer partiellement les produits chinois en Europe (pétrochimie, agroalimentaire).
– Attirer les délocalisations chinoises via des zones industrielles dédiées et des incitations fiscales.
- Diversifier l’économie en urgence : La dépendance aux hydrocarbures est un risque majeur. Priorités :
– Développer l’agro-industrie et les énergies renouvelables.
– Soutenir les PME exportatrices grâce à des crédits adaptés et des accords commerciaux ciblés (ZLECAf).
– Moderniser les infrastructures logistiques (ports, corridors africains) pour capter les flux détournés.
- Anticiper les risques politiques
– Éviter le protectionnisme, qui isolerait davantage l’économie.
– Renforcer les alliances avec l’UE et l’Afrique, et peser dans les réformes de l’OMC.
- Saisir le virage vert : L’Europe cherche à réduire sa dépendance énergétique :
– Positionner l’Algérie comme fournisseur d’hydrogène vert.
– Développer des partenariats technologiques (UE, Chine) pour l’énergie solaire.
Les écueils à éviter
– Une chute des cours des hydrocarbures pénaliserait les recettes.
– La concurrence accrue (Vietnam, Bangladesh) menace les nouveaux secteurs.
– L’instabilité régionale pourrait perturber les échanges africains.
L’Algérie a les atouts pour tirer son épingle du jeu : ressources naturelles, position géostratégique, et potentialités inexploitées. Mais le temps presse. En diversifiant ses partenaires, en accélérant les réformes et en investissant dans les infrastructures, elle peut transformer une crise mondiale en opportunité nationale.
Comme le soulignait récemment un expert de l’OMC, «Dans un monde fragmenté, seuls les pays agiles s’adapteront.»
S.M.