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Alger expulse 12 agents de l’ambassade de France : Nouvelles tensions

Les relations bilatérales, déjà fragiles, pourraient connaître une nouvelle détérioration. Les tensions entre Alger et Paris atteignent un nouveau pic. Douze fonctionnaires français en poste en Algérie ont été priés par les autorités de quitter le territoire algérien, sous 48 heures, a annoncé hier le chef de la diplomatie française. Parmi les agents qu’Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, a indiqué une source diplomatique française à l’AFP. Le chef de la diplomatie a affirmé que la France était prête à des représailles immédiates si Alger expulsait ses agents.

«Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours», a dit Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes. «Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y répondre immédiatement», a-t-il averti. Selon le ministre français, «cette décision serait une réponse à l’arrestation de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, soupçonnés de faits graves sur le territoire national français». Après l’annonce de ces trois arrestations, l’Algérie avait répondu dès samedi en promettant de ne pas «laisser cette situation sans conséquences». Dans un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères a fermement condamné la mise en cause de son agent consulaire dans la forme et le fond et a critiqué les justifications fournies par le ministère de l’Intérieur français, les qualifiant de «vermoulues et farfelues». Les autorités algériennes ont également averti que «ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable portera un préjudice majeur aux relations algéro-françaises».

Retour à la confrontation

Cet épisode diplomatique complexe met en lumière la fragilité des rapports entre Alger et Paris. L’échange téléphonique entre les deux chefs d’État, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune suivi de la visite du ministre des Affaires étrangères français Jean-Louis Barrot à Alger le 6 avril, présageait l’amorce d’un processus réchauffement des relations diplomatiques. La démarche des deux chefs d’Etat suggérait une volonté de gérer la crise en dehors de la confrontation et du rapport de force en privilégiant la discussion. Mais c’était faire sans les sorties politico-médiatiques et la surenchère privilégiée par une partie du gouvernement français, dont Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, s’est porté comme chef de file. Ces développements dans les relations entre les deux pays viennent remettre en question les efforts de rapprochement. Alors que Paris se cache derrière le respect de l’indépendance de la justice française, l’Algérie rejette cette approche et accuse certains responsables français de compromettre le processus de réconciliation. Un avis partagé, d’ailleurs, par le député de la France Insoumise (LFI) Éric Coquerel qui s’est interrogé hier matin sur une chaîne de télévision française «si ce n’est pas Bruno Retailleau qui essaie de reprendre le dossier en main alors qu’il avait été heureusement cornorisé par le président de la République».

L’inévitable impasse

Cette affaire menace de fragiliser davantage une relation bilatérale encore très frêle. Face à Alger qui ne se laisse pas faire dans ce genre de confrontation, la France pourrait adopter diverses mesures de représailles. A commencer par des mesures de réciprocité, à savoir des expulsions de diplomates algériens mais également des restrictions sur les visas, ou même des mesures économiques ciblées. Tout porte à croire que l’on s’achemine vers la remise en question de tout le processus de normalisation des relations bilatérales, avec comme premier dommage collatéral, la visite prévue du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, en Algérie, une visite qui semble désormais compromise.

Saïd S.

Said S

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