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Lutte contre la drogue : L’Algérie sur tous les fronts

   À l’instar de sa lutte antiterroriste, l’Algérie a élevé la guerre contre la drogue au rang de priorité nationale, mobilisant l’ensemble de ses institutions face à un phénomène aux ramifications tentaculaires.

L’Algérie lutte sur deux fronts majeurs : à l’ouest, elle fait face à des flux massifs de résine de cannabis en provenance du Maroc, et au sud, les routes du Sahel servent de corridors pour la cocaïne et autres drogues, souvent contrôlées par des groupes criminels liés au terrorisme.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Il a qualifié cette réalité de «guerre non déclarée», menée par des «forces du mal» à travers une inondation massive de drogues sur les frontières sud et ouest. L’objectif de cette offensive est clair : affaiblir la jeunesse algérienne et saper les fondements de la société. «La drogue est une arme», affirme-t-il, appelant à une réponse aussi bien sécuritaire que sociétale.

Un bilan inquiétant
Les récentes saisies opérées par les services des Douanes algériennes témoignent de l’ampleur du phénomène. Au premier semestre de l’année 2024, ces services ont saisi 132,3 kg de cocaïne, 3,24 tonnes de résine de cannabis (kif traité), et plus de 4,2 millions de comprimés psychotropes, selon un bilan officiel rendu public le 11 mars 2025 par la Direction générale des Douanes. L’affaire la plus marquante reste celle de la saisie, le 23 février 2024 au port d’Oran, de 46 kg de cocaïne dissimulés dans un conteneur de viande congelée en provenance d’Amérique latine. Cet épisode a ravivé les souvenirs du scandale des 701 kg saisis en 2018 au port d’Oran, devenu un symbole du lien entre narco-trafic et corruption.

Une approche globale face à un défi mondial

Dans un contexte mondial où les cartels de la drogue opèrent comme des multinationales, ignorant les frontières et exploitant les réseaux sociaux et les cryptomonnaies pour se financer, l’Algérie a compris qu’aucun pays ne peut combattre seul ce fléau. Dès lors, elle s’inscrit dans une dynamique de coopération régionale et internationale. Elle participe activement à l’échange d’informations et de renseignements avec de nombreux partenaires, notamment la Tunisie, l’Égypte, l’Espagne et l’Italie, pour le démantèlement des réseaux de trafic, l’interception de messageries cryptées et l’extradition des trafiquants.

À l’échelle continentale, l’Algérie joue un rôle clé dans le Plan africain de lutte contre la drogue et le crime organisé (2019-2025). Sur le plan international, elle soutient la mise en œuvre de la stratégie 2021-2025 de l’ONUDC et a réaffirmé son engagement lors de la 68e session de la Commission des stupéfiants à Vienne, en mettant l’accent sur la prévention, notamment via le programme «Youth 4 Impact» destiné aux jeunes.

Un arsenal juridique robuste

Sur le plan national, la législation algérienne s’est dotée d’un cadre sévère pour répondre à la gravité du trafic de drogue. La loi 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicite de stupéfiants prévoit des peines lourdes pour les trafiquants, tout en introduisant une dimension de santé publique pour les consommateurs. En effet, les articles 6 à 11 permettent l’abandon de poursuites pénales si le toxicomane accepte, sur décision judiciaire, un traitement de désintoxication dans des structures spécialisées.

Le président Tebboune a récemment ordonné une révision de cette loi dans le cadre d’une stratégie nationale de prévention et de répression des drogues, qu’il veut «multidimensionnelle». L’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), en tant qu’organe de coordination, est en première ligne pour la mise en œuvre de cette politique.

Un triptyque essentiel

Conscient que la lutte contre la drogue ne saurait être exclusivement répressive, l’État œuvre également à la prise en charge des personnes dépendantes. Des centres de traitement résidentiel, des structures ambulatoires et des centres intermédiaires sont répartis à travers le territoire, avec l’objectif d’en installer au moins un par wilaya. Ces établissements proposent des soins, des accompagnements psychologiques et des programmes de réinsertion sociale.

La lutte contre la drogue en Algérie est un défi complexe, mais les récentes initiatives montrent une prise de conscience accrue. Il est essentiel de concrétiser cette volonté par des actions coordonnées pour protéger la jeunesse, garantir la stabilité du pays et éviter que la drogue ne devienne un symbole de désespérance sociale.

 

Assia M.

Assia M

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