Pour atteindre l’autosuffisance en blé dur, les énormes efforts consentis par l’Etat ne suffisent pas. Les agriculteurs devraient participer pleinement à cet objectif stratégique, a appelé, hier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa.
Lors de la visite de travail et d’inspection qu’il a effectuée à Tlemcen, une des régions les plus importantes pour la concrétisation de ce projet, a-t-il affirmé, le ministre a insisté sur la nécessité d’«améliorer les moyennes de rendement à l’hectare». Un objectif chiffré est même annoncé. «Le rendement moyen ne devrait pas être inférieur à 30 quintaux par hectare dans les régions du nord qui dépendent des précipitations», a insisté Cherfa. Et, par conséquent, le rendement attendu devra être encore supérieur pour ce qui est des «zones irriguées».
L’objectif global serait en ce sens d’atteindre une production de plus de 90 millions de quintaux annuellement afin d’«éviter d’importer», a souligné le ministre. Aussi, l’amélioration des résultats de la production céréalière passe impérativement par la création de nouvelles infrastructures à même de limiter les pertes, qu’elles soient accidentelles ou volontaires. La campagne moisson-battage 2024/2025 voit en ce sens l’entrée en activité de nouveaux sites au niveau de la wilaya de Tlemcen, pour le renforcement du «stock stratégique». Le ministère a fait savoir à ce propos que la wilaya pourra compter sur «290 centres de stockage de céréales de proximité» dès le mois de mai prochain. Et dans cette logique, Youcef Cherfa a solennellement demandé aux agriculteurs une participation totale aux efforts du pays. L’ensemble des producteurs de céréales sont «dans l’obligation de livrer toutes leurs récoltes aux centres de stockage des coopératives céréalières», a-t-il dit avant d’appeler à la mobilisation de tous. «Nous devons être mobilisés, veiller à ce que les producteurs adhèrent à cet engagement, conformément aux dispositions et à la législation applicables en la matière», a-t-il dit. Plus explicite, le premier responsable du secteur assure que l’Etat est prêt à sévir contre les éventuels «fraudeurs».
Le ministre a déclaré en ce sens : «J’insiste sur la nécessité de fournir les céréales aux coopératives (…) Ceux qui refuseront cette procédure seront considérés comme des fraudeurs qui cherchent à vendre la marchandise au marché noir ou à l’utiliser pour l’alimentation du bétail». Des pratiques qui, selon lui «coûtent énormément au Trésor public». La visite de Cherfa à Tlemcen a également été l’occasion pour les responsables locaux du secteur de présenter «un état des lieux» de la situation, notamment en ce qui concerne «l’avancement des projets» définis par le gouvernement. Le ministre a ainsi pu suivre des exposés détaillés, puis constaté de visu «l’état d’avancement» de certains programmes. Le ministre a également inspecté «la mise en œuvre des objectifs fixés» dans les domaines de «la culture des céréales», «de construction d’installations de stockage», de «la filière de la production du lait» et la «santé animale».
Filière lait : des résultats positifs
Concernant la production du lait, justement, le ministre a fait savoir que «l’expérimentation de l’intégration du lait frais produit localement dans la production du lait pasteurisé» au niveau des laiteries publiques a donné des «résultats positifs». «Cette formule, qui permet un prix de vente réglementé de 25 dinars/litre, sera «généralisée aux laiteries privées à partir de mai prochain». Cela contribuera, ajoute le ministre à «relancer la production nationale», et à «réduire la facture d’importation du lait en poudre». Quant au secteur de la pêche au niveau de la wilaya, et plus exactement l’aquaculture, le ministre a également promis que des mesures pratiques seront prises afin de relancer ce secteur. Une filière capable, selon le ministre, d’assurer une production de 6 000 tonnes de tilapia rouge au cours des deux prochaines années.
Nadir K.