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Rapport choc de l’ONU : Les politiques antidrogues créent des mouroirs

   Le rapport 2024 du Sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture (SPT) dresse un constat accablant : les politiques répressives en matière de stupéfiants exacerbent les risques de mauvais traitements dans les lieux de détention. 

 

Par la Rédaction 

 

Après une série de visites dans 89 États parties, l’organe onusien révèle comment le «tolérance zéro» alimente la surpopulation carcérale et les dénis de soins, tout en pointant le manque criant de mécanismes nationaux de prévention.

Le SPT documente une corrélation directe entre les approches répressives et la dégradation des conditions de détention :

– Surpopulation systémique : Les arrestations massives pour infractions liées aux drogues (souvent mineures) ont saturé des prisons déjà vétustes. Au Mexique et aux Philippines, certains centres atteignent 300% de leur capacité.

– Défaut de prise en charge médicale : Seuls 12% des établissements inspectés disposent de programmes adaptés pour les usagers, selon les données du rapport. Conséquence : des syndromes de sevrage mortels et des contaminations (VIH, hépatites) en hausse de 22% depuis 2022.

– Violences institutionnalisées : «Les personnes toxicodépendantes sont perçues comme des criminels plutôt que des patients», dénonce Mme Romero, présidente du SPT. Le rapport cite des cas de contentions prolongées ou de refus de traitement antidouleur comme «punition».

 

Recommandation phare : Le SPT exige que les stratégies antidrogue intègrent obligatoirement des volets sanitaires et sociaux, conformément aux standards des droits humains.

 

12 États en rupture avec leurs obligations

 

La liste noire des pays n’ayant toujours pas mis en place de mécanisme national de prévention (article 17 du Protocole facultatif) comprend :

– Afghanistan et RDC, où les visites du SPT ont pourtant révélé des centres de détention secrets.

– Gabon et Philippines, qui ignorent les demandes répétées depuis 2015.

 

Le cas emblématique du Burundi : Malgré une visite du SPT en 2023, le régime de Ndayishimiye bloque toute réforme. «Les cellules de la SNR (services de renseignement) restent des zones de non-droit», alerte un rapport confidentiel consulté par nos soins.

Lueurs d’espoir et crise financière paralysante.

Quelques progrès émergent :

– Afrique en mouvement : Bénin, Nigeria et Madagascar ont créé leurs mécanismes en 2025.

– Commentaire général n°1 : Ce texte historique clarifie la notion de «lieu de privation de liberté», incluant désormais les centres de rétention administrative et les hôpitaux psychiatriques.

 

Mais l’urgence absolue reste le manque de fonds :

– 4 visites annulées en 2025 (Serbie, Mexique…), une première en 60 ans.

– L’ONU en crise de liquidité : Le budget du SPT a été réduit de 40%, compromettant les missions en France et Nouvelle-Zélande prévues pour juin.

 

La bombe à retardement des prisons africaines

Le rapport consacre un chapitre accablant à la République centrafricaine, où le SPT a formé en urgence des surveillants pénitentiaires en 2024 :

– Taux de mortalité carcérale : 18 décès/mois pour 1 000 détenus (moyenne mondiale : 2,1).

– Enfants avec leurs mères : 247 mineurs vivent dans des cellules sans accès à l’éducation.

Alors que le SPT plaide pour une réforme globale des systèmes pénitentiaires, la communauté internationale regarde ailleurs. «Sans financements, nos recommandations resteront des vœux pieux», conclut amèrement Mme Romero.

 

 

Rédaction Crésus

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