Le Secrétaire général des Nations unies a vivement condamné les récentes attaques ayant ciblé des civils dans la ville d’El Fasher, ainsi que les localités de Zamzam, Abu Shouk et d’autres sites abritant des personnes déplacées dans l’État du Darfour-Nord, au Soudan.
Par rédaction de Crésus
Ces violences ont fait des dizaines de victimes, dont plusieurs travailleurs humanitaires, dans une escalade dramatique d’un conflit qui entre dans sa troisième année.
Parmi les morts figurent au moins neuf membres de l’organisation humanitaire internationale Relief International, tués dans une attaque contre un centre de santé du camp de Zamzam, où ils dispensaient des soins d’urgence. Ce drame porte à plus de 90 le nombre d’agents humanitaires assassinés depuis le début de la guerre au Soudan, en avril 2023.
«Cette tragédie illustre l’horreur quotidienne vécue par les civils et ceux qui tentent de les secourir», a déclaré un porte-parole des Nations unies. Les attaques répétées contre les infrastructures médicales et les travailleurs humanitaires violent clairement le droit international humanitaire, qui protège strictement les civils et le personnel de secours.
Une région asphyxiée par un siège prolongé
La zone d’El Fasher est en état de siège depuis plus d’un an, privant des centaines de milliers de personnes d’aide vitale.
Selon les dernières évaluations, des conditions proches de la famine ont été identifiées à Zamzam et dans deux autres camps de déplacés. «Les réserves de nourriture et de médicaments sont épuisées. Sans un accès humanitaire immédiat, la catastrophe sera irréversible», alerte un responsable local sous couvert d’anonymat.
Dans un communiqué officiel, le Secrétaire général a rappelé avec fermeté que «les attaques délibérées contre des civils et les frappes indiscriminées sont interdites par le droit international». Il exige que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et insiste sur la nécessité d’un accès humanitaire «sans entrave» à Zamzam et aux zones assiégées.
Par ailleurs, il a souligné que «les civils souhaitant fuir les combats doivent pouvoir le faire en toute sécurité», alors que les forces belligérantes bloquent les routes et les voies d’évacuation.
À l’approche du deuxième anniversaire du conflit, le chef de l’ONU a pressé les parties en guerre de «cesser immédiatement les hostilités» et d’engager un dialogue politique inclusif pour «restaurer la paix et la stabilité».
Cependant, les perspectives restent sombres : malgré les multiples cessez-le-feu signés – et violés – depuis 2023, les affrontements entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se poursuivent, avec des conséquences dévastatrices. Plus de 8 millions de personnes ont été déplacées et près de 25 millions ont besoin d’aide humanitaire, selon l’ONU.
La communauté internationale sommée d’agir
Face à l’enlisement de la crise, le Secrétaire général a renouvelé son appel à une «mobilisation unie de la communauté internationale». Pourtant, les divisions au Conseil de sécurité et le désintérêt relatif des grandes puissances limitent l’efficacité des pressions diplomatiques.
Des ONG, comme Médecins Sans Frontières, dénoncent cette inertie : «Le monde ferme les yeux sur un génocide en slow motion», accuse un rapport récent. Les donateurs, eux, peinent à financer l’aide : seul 16% des fonds demandés par l’ONU pour 2024 ont été reçus.
Alors que le Soudan s’enfonce dans l’une des pires crises humanitaires au monde, la communauté internationale semble impuissante – ou indifférente. Sans une action concertée pour imposer un cessez-le-feu et rétablir l’accès humanitaire, les massacres comme ceux d’El Fasher risquent de se multiplier, dans l’indifférence générale.
Chiffres clés du conflit soudanais (avril 2024)
– 14 000 morts (est. ONU)
– 8,6 millions de déplacés
– 90 humanitaires tués
– 18 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë
– 70% des centres de santé hors service
