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Francesca Albanese, la rapporteuse de l’ONU qui dérange : La France tente de faire tomber une voix critique des sionistes

   Malgré une offensive diplomatique menée par des parlementaires français et des lobbies pro-sionistes, Francesca Albanese a été reconduite le 1er avril à son poste de rapporteur spécial de l’ONU sur les territoires palestiniens.

 

Synthèse Samir MÉHALLA

 

Une décision qui a provoqué la colère d’un parti de la classe politique française, révélant les fractures au sein même de la majorité présidentielle sur la question israélo-palestinienne.

 

Une campagne franco-américaine pour faire chuter Albanese

Dès la fin mars, 43 députés français -majoritairement issus du groupe Renaissance, mais aussi des Républicains- ont signé une lettre envoyée au ministre délégué aux Affaires européennes, Jean-Noël Barrot, pour exiger que la France s’oppose au renouvellement du mandat de la juriste italienne. Parmi eux, Caroline Yadan, élue des Français de l’étranger (8e circonscription), qui a mené la charge en accusant Albanese de «partialité systématique contre Israël».

 

Cette initiative n’était pas isolée : aux États-Unis, des élus républicains ont également fait pression sur le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Une offensive coordonnée qui rappelle les méthodes du lobby pro-israélien pour éliminer les voix critiques, comme en 2022 lorsque Washington avait forcé le départ du précédent rapporteur, Miloon Kothari.

 

Pourtant, le mandat d’Albanese a été automatiquement renouvelé, aucun membre de l’État n’ayant osé demander un vote formel pour s’y opposer. Un camouflage pour ses détracteurs.

 

«Ils feraient mieux d’arrêter le génocide plutôt que de m’attaquer»

Francesca Albanese a réagi avec ironie : «Si ces députés avaient consacré leur énergie à stopper les massacres à Ghaza plutôt qu’à écrire des lettres contre moi, des vies auraient pu être sauvées.»

 

Depuis son entrée en fonction en 2022, la juriste s’est attirée les foudres de l’occupant sioniste et de ses alliés occidentaux pour ses rapports accablants sur l’apartheid et les crimes de guerre commis dans les territoires occupés. En octobre 2023, elle avait notamment qualifié le blocus de Ghaza de «châtiment collectif», une analyse corroborée depuis par la Cour internationale de justice (CIJ).

 

Mais c’est son tweet du 10 février 2024 qui a déclenché une tempête diplomatique : «Les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées pour leur judaïsme, mais en réaction à des décennies d’oppression.» Une déclaration immédiatement condamnée par le Quai d’Orsay et le CRIF, dont le président Yonathan Arfi l’a accusée d’«antisémitisme» et d’«apologie du terrorisme».

 

Un double standard qui interroge

Pourtant, Francesca Albanese n’est pas la seule experte de l’ONU visée pour ses positions sur l’occupant sioniste :

 

– Michael Lynk, ancien rapporteur spécial, avait été blacklisté par Tel-Aviv après avoir qualifié l’occupation de «colonialisme» (2021).

– Richard Falk s’était vu interdire l’entrée en Palestine pour avoir comparé Ghaza à «un camp de concentration» (2008).

 

«Ce qui dérange, c’est qu’elle ose nommer les choses : apartheid, nettoyage ethnique, génocide», analyse Philippe Sands, professeur de droit international. «Ses détracteurs ne contestent pas ses faits, mais refusent ses conclusions.»

 

La France, entre realpolitik et droits de l’homme

L’implication des députés Renaissance dans cette cabale révèle les tensions au sein de la majorité. Alors que Macron affiche un soutien inconditionnel à l’occupant israélien, une frange de son camp -menée par des figures comme Hubert Védrine – critique cet «alignement aveugle».

 

Preuve de ce malaise : le gouvernement n’a finalement pas suivi la demande des 43 députés, entraînant ainsi un vote qui aurait isolé la France au sein du Conseil des droits de l’homme.

 

Albanese doit rendre en juin un rapport explosif sur les «preuves de crimes contre l’humanité» commis à Ghaza. Un document qui promet de rallumer les polémiques.

 

 

Samir Mehalla

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