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L’Algérie et la haine d’une France néocolonialiste

Le 8 mai 1945 est une date qui, au lieu d’être célébrée, devrait susciter une profonde indignation. Tandis que l’Europe célébrait la victoire sur le nazisme, l ’Algérie, sous le joug colonial français, était le théâtre d’un massacre inouï.

Des milliers d’Algériens, en quête de liberté, ont été abattus à Sétif, Guelma et Kherrata, victimes d’une brutalité d’État sans précédent.

Ce jour-là, la France a révélé son vrai visage, celui d’un oppresseur, un visage que le temps n’a pas réussi à effacer.

Cette France, pourtant, continue d’incarner un néocolonialisme sournois, où le déni et l’amnésie sont les maîtres mots.

Les atrocités de l’histoire algérienne, bien que gravées dans la mémoire collective, sont systématiquement occultées par un récit français qui préfère glorifier un passé colonial déformé.

Cette France, qui se drape dans le manteau de la grandeur, refuse de faire face à ses crimes, perpétuant ainsi un cycle de haine et d’injustice.

Une pétition récente exige la reconnaissance de ces massacres comme un crime d’État, un cri de désespoir face à une mémoire toujours enchaînée.

Comment un pays peut-il célébrer sa victoire sur l’oppression tout en étouffant les voix de ceux qu’il a réduits au silence ?

Ce déni est une insulte à la mémoire des victimes et un affront à l’humanité.

Les massacres du 8 mai ne sont pas des incidents isolés, mais le fruit d’un système néocolonial qui continue de nourrir la violence et le racisme. La France, en refusant de reconnaître ces événements criminels, ne fait pas que trahir les victimes, elle alimente un ressentiment qui perdure, une colère légitime face à une histoire inachevée.

Il est temps de dénoncer avec force les discours qui tentent de réhabiliter les bienfaits de la colonisation. Ces voix, souvent portées par des nostalgiques d’un passé révolu, sont non seulement désolantes, mais également dangereuses.

Elles alimentent la haine, justifient les discriminations et maintiennent les fractures au sein de la société. La colonisation n’a jamais été qu’un  instrument de domination brutale, et ceux qui cherchent à la défendre sont complices d’une injustice qui perdure.

Reconnaître les massacres de 1945 comme un crime d’État n’est pas simplement un acte de justice.

C’est un impératif moral, une exigence pour toute société qui aspire à la vérité. Mais cela ne suffit pas. Il faut permettre aux historiens de faire leur travail, inscrire ces événements dans les manuels scolaires.

La France doit faire face à son passé, non pas pour se glorifier, mais pour réparer les blessures qu’elle a infligées.

Aujourd’hui, face à la montée des discours haineux qui tentent de minimiser ces réalités, nous devons résister. Le combat pour la vérité coloniale est un combat pour l’humanité, pour la justice, pour la mémoire.

La pétition pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 est un appel à la conscience collective, un cri de révolte contre l’amnésie qui gangrène notre société.

En ce 80e anniversaire tragique, il est temps que la France regarde en face son passé honteux. Il est temps qu’elle reconnaisse ses crimes et qu’elle s’engage à construire une réconciliation authentique.

Car seul un véritable affrontement avec son héritage néocolonial permettra à la France de se libérer de la haine qu’elle continue d’entretenir. La réparation de l’histoire ne peut plus attendre.

Samir Méhalla

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