L’avènement des réseaux sociaux a bouleversé le paysage médiatique, ouvrant une ère nouvelle, ou plutôt une ère de chaos informationnel.
Sur cette scène numérique, une nouvelle espèce a émergé : les «influenceurs», ces autoproclamés maîtres de la vérité, ces nouveaux prophètes de l’information instantanée, qui, forts de leur audience captive, s’attaquent à la presse conventionnelle avec une arrogance démesurée.
Ils se prennent pour des titans, des révolutionnaires de l’information, des pourfendeurs de tabous, ignorant superbement les fondements mêmes du journalisme.
Ces intrus, parfois des ex journaleux vomis par la profession, usurpateurs du métier, se croient investis d’une mission sacrée, celle de briser les barrières, de dénoncer les maux de la société, de s’ériger en opposants farouches à tous les pouvoirs.
Ils usent d’un verbe violent, d’une rhétorique outrancière, d’une liberté de ton qui frise l’anarchie.
Ils insultent, invectivent, transgressent toutes les règles de la bienséance, ignorant les principes élémentaires de la déontologie journalistique. Pour eux, l’éthique est un obstacle, une entrave à leur quête de popularité. Ils confondent audace et vulgarité, liberté d’expression et incitation à la haine.
Face à cette nouvelle vague d’information brute, non vérifiée, souvent mensongère, la presse conventionnelle, avec ses exigences d’éthique, de rigueur et de vérification des faits, apparaît comme un rempart.
Les journalistes, formés à l’investigation, à la recherche de la vérité, à l’art subtil de la narration, sont les gardiens d’une information responsable, loin des infox et des buzz artificiels. Ils construisent leurs articles sur des bases solides, des enquêtes approfondies, des sources vérifiées, offrant ainsi au public une information fiable et contextualisée.
Le succès fulgurant de ces influenceurs, leur capacité à monopoliser l’attention du public, ne doit pas masquer la fragilité de leur modèle. Ils surfent sur la vague de l’immédiateté, de l’émotion, de la provocation, sans se soucier de la véracité de leur propos.
Ils sont les artisans d’une information superficielle, volatile, souvent manipulatrice, qui nourrit les préjugés et les fantasmes.
Les réseaux sociaux, ces espaces de liberté apparente, deviennent ainsi des terrains propices à la diffusion de fausses nouvelles, à la manipulation des opinions, à la construction de réalités alternatives.
Face à ce danger, il est urgent de mettre en place des réglementations plus strictes, des garde-fous pour protéger le public de la désinformation. La liberté d’expression ne saurait être un prétexte pour diffuser des mensonges, pour manipuler les opinions, pour semer la confusion.
Il est nécessaire de renforcer les mécanismes de vérification des informations, de sanctionner les auteurs de fausses nouvelles, de promouvoir une éducation aux médias plus rigoureuse.
L’avenir de l’information, la préservation de la vérité, dépendent de notre capacité à réguler cet espace numérique, à protéger le public de la manipulation et de la désinformation.
La presse conventionnelle, avec ses valeurs et ses principes, reste un rempart essentiel contre le chaos informationnel.
Il est temps de la défendre, de la soutenir, de la protéger contre les assauts des nouveaux arrivants, ces intrus qui, dans leur quête de gloire et de fortune, mettent en péril la qualité de l’information et la santé de la démocratie.
Samir Méhalla