Depuis plusieurs années, le processus de renouvellement de la chambre haute du Parlement est entaché d’irrégularités et de pressions politiques. Le mode de scrutin indirect, basé sur le vote des élus locaux, favorise des négociations en coulisses où l’argent et les réseaux influents jouent un rôle central.
À l’approche du renouvellement partiel des membres élus du Conseil de la Nation, prévu pour le 9 mars 2025, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) poursuit son travail de supervision afin d’assurer la transparence du processus électoral. Sous la direction du professeur Karim Khalfan, président par intérim de l’ANIE, la commission centrale veille à la gestion des dossiers de candidature et des recours judiciaires dans les cinquante-huit wilayas du pays. Pourtant, au-delà du cadre institutionnel affiché, cette élection reste marquée par des enjeux profonds, notamment l’influence persistante des réseaux financiers et politiques.
La clôture du dépôt des candidatures, fixée au 16 février à minuit (hier), a permis un premier tri des postulants. Sur les 177 dossiers déposés, 99 ont été validés tandis que 32 ont été rejetés pour diverses irrégularités. Parmi les motifs avancés, l’ANIE a mis en avant l’absence d’attestation d’investiture pour 18 candidats et des irrégularités fiscales pour 4 autres. Mais c’est surtout le rejet de 10 candidatures en raison de liens supposés avec des circuits financiers douteux qui soulève des interrogations. Officiellement, cette décision s’inscrit dans une volonté de moralisation du scrutin. Toutefois, elle met en lumière l’omniprésence des réseaux d’influence dans l’élection des sénateurs, où les logiques financières continuent de peser lourdement sur les résultats.
La validation des candidatures ne s’est pas faite sans contestation. Onze recours ont été déposés devant les tribunaux administratifs et les cours d’appel, avec seulement deux décisions favorables aux candidats. À cela s’ajoute l’incertitude entourant 46 dossiers encore en attente d’examen, témoignant de l’enjeu politique majeur que représente cette élection.
Depuis plusieurs années, le processus de renouvellement du Conseil de la Nation est entaché par des soupçons de transactions occultes et de pressions politiques. Le mode de scrutin indirect, basé sur le vote des élus locaux, favorise des négociations en coulisses où l’argent et les réseaux influents jouent un rôle central. Si l’ANIE tente d’imposer un cadre plus rigoureux, la persistance de candidats issus de milieux financiers controversés démontre que les pratiques opaques ne sont pas entièrement éradiquées.
Face à ce constat, les autorités affichent une volonté de renforcer l’intégrité du scrutin. La criminalisation de l’achat de voix et la mise en place de mécanismes de contrôle plus stricts semblent porter leurs premiers fruits, notamment à l’échelle locale. Pourtant, la « chkara » continue d’exister sous des formes plus discrètes, alimentée par des stratégies électorales et des alliances de circonstance.
Malgré ces enjeux persistants, une évolution semble se dessiner dans la composition des candidats en lice. Si l’argent a longtemps dicté l’issue du scrutin sénatorial, cette élection marque un tournant avec l’émergence d’une nouvelle génération de postulants. La compétition s’annonce serrée entre cadres universitaires et technocrates, face à une minorité d’élus issus du monde des affaires. Cette dynamique illustre les effets des réformes engagées pour encadrer le processus électoral et limiter les dérives observées par le passé.
L’ANIE rappelle l’importance de l’éthique électorale, notamment pour les candidats issus des Assemblées locales, afin d’assurer une concurrence loyale conformément à l’ordonnance n° 21-01. Si la professionnalisation des candidatures traduit une maturité politique, elle interroge sur l’équilibre entre expertise et représentativité, et sur la capacité d’une assemblée dominée par des techniciens à répondre aux attentes citoyennes et locales.
Au-delà du renouvellement des élus, cette élection constitue également un test pour l’ANIE et sa capacité à garantir un processus électoral impartial et transparent. La gestion du scrutin du 9 mars sera scrutée de près par les acteurs politiques et l’opinion publique, qui attendent des garanties quant à la régularité des opérations de vote. Un déroulement fluide et sans irrégularités pourrait renforcer la confiance dans les institutions électorales. À l’inverse, toute contestation ou suspicion de fraude risquerait d’accentuer le scepticisme ambiant quant à l’indépendance du processus.
Par ailleurs, la question de la présidence du Conseil de la Nation se pose avec acuité. Composé de 144 membres, dont 96 élus et 48 désignés par le président de la République, le Sénat algérien devra élire un nouveau président après le scrutin. La Cour constitutionnelle a récemment mis un terme à la prolongation du mandat de Salah Goudjil, ouvrant ainsi la voie à une recomposition à la tête de l’institution.
Le 9 mars 2025 marquera-t-il le début d’un renouveau politique ou une simple adaptation aux nouvelles règles du jeu ? Seul le verdict des urnes permettra d’apporter une réponse définitive.
Assia M.