Blida se souvient. Elle se souviendra toujours de cet homme d’exception, médecin dévoué, patriote engagé et maire visionnaire. Le Docteur Mostafa Baghdadi, premier président de l’Assemblée communale de Blida, n’a pas seulement soigné les corps, il a aussi veillé sur l’âme de cette ville qu’il chérissait tant.
Né le 27 octobre 1927 à Laghouat, Mostafa Baghdadi s’est très tôt distingué par son engagement et son sens du devoir. Après l’obtention de son baccalauréat en Algérie, il poursuit des études de médecine à Tours, en France. Une spécialisation aurait pu l’attendre, mais l’appel du patriotisme fut plus fort. En août 1956, en pleine guerre de Libération, il rejoint l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) avant de se mettre au service du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN).
D’abord au Maroc, il soigne sans relâche les moudjahidine blessés et les réfugiés fuyant la répression coloniale. En 1958, il est envoyé en Tunisie, où il exerce notamment à Kébili et Ksar el Hilal sous la direction du Docteur Nekkache, premier responsable de la santé du FLN-ALN. Il restera en première ligne jusqu’à l’indépendance en 1962.
Un engagement sans faille
À l’aube de l’Algérie libre, le Dr Baghdadi choisit de mettre ses compétences au service des plus démunis. Il œuvre à la réorganisation des services de santé publique, d’abord à Tamanrasset, puis à Médéa et enfin à Blida, où il ouvre un cabinet privé tout en assumant la fonction de médecin de la prison de la ville jusqu’en 1982.
En 1966, il se lance dans un autre combat : la gestion municipale. Il se présente aux premières élections communales et devient le premier maire élu de Blida, poste qu’il occupera pendant trois mandats successifs. Sa rigueur, son efficacité et sa proximité avec les citoyens marqueront profondément la ville.
Durant son deuxième mandat, le président Houari Boumediene le choisit pour présider la première conférence nationale des maires d’Algérie, preuve de la confiance et de l’estime que lui portait l’État.
Un médecin du peuple, un homme de cœur
Mais au-delà du maire, c’est surtout l’homme qui restera gravé dans les mémoires. Le Dr Mostafa Baghdadi était connu pour son humilité et son humanisme. Son cabinet ne désemplissait pas. Les plus démunis trouvaient en lui bien plus qu’un médecin : un bienfaiteur qui ne demandait rien en retour. Il soignait gratuitement ceux qui n’avaient rien, fidèle à son serment et à ses principes.
Amoureux de Blida, la ville des roses, il œuvra à préserver son cachet culturel et à en faire un lieu de vie harmonieux. Son attachement à son pays et à sa ville n’a jamais faibli.
Le 19 janvier 1999, il s’éteint à Blida, laissant derrière lui un héritage immense, celui d’un homme qui n’a jamais compté ses sacrifices. Son parcours est celui d’un patriote exemplaire, d’un bâtisseur, d’un homme qui a donné sans attendre en retour.
Aujourd’hui encore, son nom résonne dans les rues de Blida, dans la mémoire de ceux qui l’ont connu et dans l’histoire de l’Algérie. Un hommage s’impose, à la hauteur de l’homme qu’il fut.
Par A. Malek