À l’approche du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation, prévu pour le 9 mars 2025, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a dévoilé la liste des candidatures validées et celles rejetées.
Sur les 177 dossiers déposés, 99 ont été acceptés, tandis que 32 ont été écartés pour diverses irrégularités. Ce processus, bien qu’administratif en apparence, met en lumière des enjeux plus profonds. En effet, malgré les discours prônant une transparence accrue, cette élection reste marquée par des pratiques opaques et des influences financières préoccupantes.
Dans son communiqué, l’ANIE a justifié le rejet de dix candidatures en raison de liens présumés avec des circuits financiers douteux et l’argent sale. Cette décision, censée illustrer une volonté de moralisation, révèle en réalité l’omniprésence de réseaux d’influence dans l’élection des sénateurs. Si les autorités affichent leur volonté d’assainir le processus, la question demeure : jusqu’où ces pratiques peuvent-elles persister en coulisses ?
Par ailleurs, 18 dossiers ont été refusés faute d’une attestation d’investiture signée par le premier responsable du parti, tandis que 4 autres ont été recalés pour des irrégularités fiscales. Ces critères de rejet, bien que stricts, ne permettent pas d’éliminer totalement les arrangements souterrains qui continuent de façonner cette élection. Le mode de scrutin – réservé aux élus locaux – favorise en effet des logiques de négociations politiques et financières où le mérite et la compétence ne sont pas toujours les premiers critères.
Le processus de validation des candidatures a également donné lieu à des contestations judiciaires. Sur les 11 recours déposés, 9 ont été rejetés et 2 acceptés en appel. En parallèle, 46 dossiers restent en attente d’examen. Ces incertitudes ne font que renforcer l’idée que cette élection dépasse largement le cadre institutionnel : elle est le théâtre de jeux d’influence où des intérêts politiques et économiques se croisent.
Depuis plusieurs années, le renouvellement des sénateurs est entaché desoupçons et de transactions occultes. La nature même du mode de désignation, fondée sur le vote des élus locaux, laisse la porte ouverte à des pratiques qui favorisent les logiques de réseaux au détriment d’une compétition électorale saine. Malgré les efforts affichés pour instaurer un cadre plus rigoureux, la persistance de candidats issus de milieux financiers controversés montre que le problème est loin d’être éradiqué.
Face à ce constat, l’ANIE tente d’imposer un contrôle renforcé, mais les résultats restent mitigés. Tant que des mécanismes parallèles de parrainage et de lobbying perdureront, l’influence des cercles financiers sur l’élection des membres du Conseil de la nation restera une réalité difficile à contester.
Au-delà des mesures ponctuelles, une refonte du mode de désignation apparaît comme une nécessité pour garantir un processus véritablement transparent et équitable. À défaut, la crédibilité même de l’institution sénatoriale continuera de susciter des interrogations.
Composé de 144 membres, dont 96 élus par les grands électeurs et 48 désignés par le président de la République, le Conseil de la Nation s’apprête à élire un nouveau président après les élections du 9 mars 2025.
La Cour constitutionnelle a tranché contre la prolongation du mandat de Salah Goudjil, ouvrant la voie à une nouvelle présidence. Renouvelé par moitié tous les trois ans, le Conseil est régi par une limite de deux mandats, sauf en cas de circonstances exceptionnelles.
Assia M.