En prélude à la signature prochaine d’un nouvel Accord d’Association, l’UE a envoyé en Algérie une délégation présidée par Florian Ermacora, chef de l’unité Afrique du Nord au sein du département de la Commission européenne chargé des relations avec le voisinage…
La délégation de l’UE a séjourné en Algérie durant la période allant du 27 au 30 janvier dernier, lors de laquelle elle a rencontré plusieurs responsables politiques et du monde des affaires et du travail.
La délégation européenne comprenait des représentants des départements en charge du voisinage, de l’énergie, des affaires intérieures, de la migration et des affaires étrangères.
Cette visite avait pour objectif de mener des consultations en vue de définir les priorités de la coopération entre l’UE et l’Algérie pour la période 2025-2027.
Cette visite de travail qui s’apparente à une prise de contact en préambule à la renégociation de l’Accord d’Association a permis à celle-ci de tâter le pouls des dirigeants algériens.
Selon Florain Ermacora, l’Union européenne (UE) ambitionne de donner un «nouvel élan» à sa coopération avec l’Algérie. Ermacora a souligné l’engagement de l’UE à renforcer le partenariat entre les deux parties dans le cadre du développement d’un «nouveau pacte pour la Méditerranée», selon un communiqué publié sur le site officiel de l’UE.
Lors de cette mission, la délégation a tenu des entretiens avec des responsables de plusieurs ministères algériens, notamment ceux des Affaires étrangères, de l’Energie et des Mines, de l’Hydraulique, de l’Industrie, du Commerce et des Finances.
Elle a également été reçue à l’Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI).
Les discussions ont porté sur plusieurs axes de coopération, notamment l’investissement, la facilitation du commerce, les énergies renouvelables, la migration, la culture et la création d’emplois, selon la même source.
Vers une révision stratégique
Cette révision, annoncée par le président Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans le cadre d’une réévaluation des relations économiques, politiques et sociales avec le bloc européen.
Cet accord, signé en avril 2002 et entré en vigueur en septembre 2005, a joué un rôle majeur dans la structuration des échanges entre les deux parties, mais les réalités économiques actuelles exigent des ajustements importants.
L’accord contient plusieurs clauses importantes qui définissent les contours de cette coopération.
Parmi elles le dialogue politique. L’accord prévoit un cadre pour renforcer le dialogue politique entre les deux parties, afin de consolider leurs relations et de promouvoir une coopération dans tous les domaines jugés pertinents, l’équilibre économique et social : Il est stipulé que les relations économiques et sociales doivent évoluer de manière équilibrée entre les deux parties, en évitant toute domination d’une partie sur l’autre, l’encouragement des échanges humains : L’accord cherche également à encourager les échanges humains, notamment à travers des simplifications administratives pour faciliter les déplacements entre les deux régions.
La coopération dans divers domaines : Une des clauses prévoit la promotion de la coopération dans les domaines économique, social, culturel et financier, afin de renforcer les liens bilatéraux.
Pour ce qui est de la Zone de libre-échange, l’accord prévoit également la création d’une zone de libre-échange pour les produits industriels, avec une libéralisation progressive des produits agricoles, alimentaires et halieutiques.
L’élimination des droits de douane est aussi l’un des aspects les plus notables de l’accord est l’engagement à éliminer progressivement les droits de douane sur trois phases, pour aboutir à une exemption totale entre 2012 et 2017.
Dans le cadre de la protection de l’industrie nationale, l’Algérie a également mis en place des mesures pour protéger son industrie nationale, avec des clauses spécifiques sur la lutte contre le dumping, les mesures compensatoires et les mesures de protection.
L’Algérie estime que l’accord, tel qu’il a été appliqué jusqu’à présent, n’a pas produit les résultats escomptés en termes de développement industriel et de transfert de technologie.
L’Algérie avait signé l’accord dans un contexte économique difficile, mais la situation actuelle, où l’économie algérienne s’est quelque peu redressée, permet aujourd’hui de négocier en position de force, notamment grâce à ses réserves énergétiques stratégiques. La révision de l’accord permettrait à l’Algérie de mieux protéger ses intérêts économiques tout en réaffirmant sa souveraineté. Elle est perçue comme une opportunité pour rééquilibrer les relations entre les deux parties.
Le gouvernement algérien cherche à renforcer son industrie, à encourager les investissements et à protéger son économie nationale tout en tirant parti de ses atouts géopolitiques dans le domaine de l’énergie. L’UE est le plus grand partenaire de l’Algérie et représentait environ 50,6 % du commerce international du pays en 2023.
Ces dernières années, la valeur totale des exportations de l’UE vers l’Algérie a régulièrement diminué, passant de 22,3 milliards d’euros en 2015 à 14,9 milliards d’euros en 2023, selon la Commission européenne.
Depuis la mise en œuvre de cet accord, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Union européenne ont atteint près de 29,9 milliards de dollars en 2024.
Les pertes financières subies en raison de l’exemption des droits de douane imposée par l’accord sont également un facteur clé. Selon les estimations, l’Algérie aurait perdu environ 5,5 milliards de dollars depuis 2012 en raison de la suppression progressive de ces droits, rendant la révision de l’accord encore plus urgente.
Mahmoud Tadjer