L’Association laïque de la Moselle dénonce une ingérence et s’interroge sur l’intérêt du Makhzen.
Alors que le 8 septembre 2023, le Maroc était secoué par un puissant séisme de magnitude 6,8 affectant des dizaines de milliers de personnes et où des villages entiers étaient littéralement rasés, le roitelet Mohamed 6, séjournait dans un de ses luxueux palais de la capitale française, qu’il avait acquis, rubis sur l’ongle, quelques années auparavant pour plus de 80 millions d’euros.
Un symbole fort qui contrastait non seulement avec son statut de «commandeur des croyants », mais qui ne cesse de confirmer que durant ses 26 ans de règne, le fossé ne cesse de se creuser entre ce souverain, considéré comme le plus riche du monde, et ses sujets qui peinent encore à sortir la tête de l’eau.
Et pour tenter de se donner bonne conscience, ce roitelet au trône chancelant qui a fait de son royaume sa holding personnelle, signait un mois après le violent séisme (8 novembre 2023), un chèque d’un million d’euros pour financer la construction de la grande mosquée de Metz, selon la télévision locale, Moselle TV.
En effet, un document établi le 28 janvier dernier, concernant les comptes et financements de la Grande Mosquée de Metza été publié et relayé sur la page Facebook de l’Union des familles de la Moselle, se rapportant au rapport du Commissaire aux comptes, évoquait le virement d’un million d’euros par un «donateur particulier : le roi du Maroc Mohammed VI».
Du menu fretin pour ce roi prédateur, collectionneur de voitures de luxe, mais dont le montant pouvait soulager la détresse d’un peuple dès lors que le retard mis dans la reconstruction des 500 habitations dévastées suscite encore autant de désolation que d’indignation.
Estimant qu’il était «impossible de financier un mosquée de cette ampleur avec les contributions locales, dont le budget total avoisine les 15 millions d’euros », le président de la Grande Mosquée de Metz (GMM), Mohamed Hicham Jaoudat, souligne, à cet égard, « nous sommes ouverts à tous les dons à condition qu’ils soient réalisés légalement et dans le respect de notre indépendance, peu importe le donateur ».
De son côté, le maire de Metz, François Grosdidier, plutôt excédé, a fait savoir qu’ «en tant que maire, je n’ai aucune obligation à connaître la liste des donateurs privés, peu importe le culte » soulignant «d’ailleurs, savez-vous que Mohammed VI a également financé les travaux de Notre-Dame à Paris ? »
Mais tous deux ont été unanimes, selon la chaine Moselle TV, à s’interroger sur «l’intérêt que pouvait avoir le roi du Maroc à financer cette construction».
Il faut savoir que selon la même source, « la loi du 24 août 2021, sur le renforcement des principes de la République, n’interdit pas le soutien des associations françaises par des acteurs étrangers.
Elle n’impose aucun plafond sur les sommes données et légitime tout type de soutien provenant de l’étranger, en particulier pour les associations de culte. En revanche, il est obligatoire de déclarer les dons perçus auprès du ministère de l’Intérieur, seule entité compétente pour décider si le don peut s’avérer être une menace pour l’indépendance de l’association mais aussi du pays ».
Or, de l’avis de l’Association des familles de la Moselle, il existe « un manque de transparence et une possible ingérence. »
Et c’est justement pour éviter que le Maroc « mette la main » sur les lieux de cultes musulmans en France, sachant que selon de sources sûres, il contribue avec près de 6 millions d’euros dans la construction et la gestion de mosquées, que le maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS), s’était opposé en 2019, à ces tentatives sournoises en faisant valoir le droit de préemption de sa localité.
«Il n’est pas concevable qu’une puissance étrangère puisse s’ingérer dans la gestion du culte en France. La loi de 1905 sur la laïcité est très claire sur la séparation des cultes et de l’État. Aucun gouvernement n’a depuis cherché à la remettre en cause. Elle est notre édifice», avait-il justifié pour faire valoir sa position.
Aussi, en matière de financement, les autorités françaises ont, depuis, renforcé le contrôle des dons provenant de l’étranger, dont la loi sur le séparatisme stipule que « les dons de plus de 10.000 euros devront être déclarés sous peine de sanction».
Ferhat Zafane