Le Conseil de sécurité a tenu hier, sous la présidence de l’Algérie, une réunion d’information sur la situation gravissime en République démocratique du Congo (RDC).
La ministre congolaise des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner qui a participé à la réunion en vertu de l’article 37 du Règlement intérieur provisoire du Conseil de sécurité, a demandé, au Conseil d’imposer des sanctions politiques et économiques contre le Rwanda, accusé de soutenir le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo.
«Alors que je me tiens devant vous, une attaque d’une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde. De nouvelles troupes rwandaises ont franchi les bornes 12 et 13 du poste frontalier séparant Goma (en RDC) de Gisenyi (au Rwanda), pénétrant sur notre territoire en plein jour dans une violation ouverte et délibérée de notre souveraineté nationale. C’est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques», a-t-elle déclaré.
Intervenant dans la même réunion, la représentante onusienne à Kinshasa, Bintou Keita a reconnu la présence du M23 vers la base de la Monusco de Munigi à la sortie nord de Goma. Elle a aussi pressé le Conseil de sécurité d’agir vite, car selon elle, le M23 reçoit des renforts rwandais dans la zone de Goma.
«Le Conseil de sécurité doit imposer des sanctions ciblées incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, non seulement contre les membres identifiés de la chaîne de commandement des forces armées rwandaises, mais aussi contre les décideurs politiques responsables de cette agression», a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, réclamant également un «embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais, en particulier le coltan et l’or», a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner.
Les États-Unis ont pour leur part, «condamné » l’offensive du Rwanda et du groupe armé M23 a déclaré leur représentante à l’ONU, prévenant que Washington utiliserait «tous les outils» disponibles contre ceux qui alimentent le conflit. «Nous condamnons dans les termes les plus forts les hostilités du Rwanda et du M23 à Goma et les attaques contre Sake», non loin, a déclaré Dorothy Shea, ambassadrice par intérim, lors de la réunion d’urgence. «Les attaques contre la Monusco peuvent être considérés comme des crimes de guerre passibles de sanctions», a pour sa part déclaré l’ambassadeur britannique. Ces déclarations qui vont dans le sens de celle du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui a appelé avant cette réunion, le Rwanda à retirer ses troupes de RDC.
Solution politique
Le SG de l’ONU, selon son porte-parole, «est profondément préoccupé par l’escalade de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo et réitère sa condamnation la plus ferme de l’offensive en cours du groupe armé M23 et de ses avancées vers Goma, au Nord-Kivu, avec l’appui des Forces rwandaises de défense.
Il «appelle le M23 à cesser immédiatement toutes actions hostiles et à se retirer des zones occupées. Il appelle en outre les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC. Il réaffirme le soutien des Nations Unies au processus de Luanda et appelle à une reprise immédiate des négociations dans ce cadre», selon la même source.
Le groupe A3+ du Conseil de sécurité (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana) a pour sa part, appelé lors de la réunion à une solution politique au conflit en République démocratique du Congo (RDC) dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ce pays.
«Nos consultations avec les gouvernements de la RDC et du Rwanda ainsi que nos discussions avec le secrétariat de l’ONU nous ont confortés dans notre conviction, à savoir que la solution au conflit (en RDC) devait être politique et non militaire», a soutenu le représentant de la Sierra Leone à l’ONU, l’ambassadeur Michael Imran Kanu qui s’exprimait au nom des A3+.
«Soyons clairs, lorsque nous appelons à une solution politique, nous indiquons également que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées par tous les acteurs étatiques et non étatiques», a indiqué l’ambassadeur qui a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les processus de paix de Nairobi et de Luanda liés à la situation en RDC.
Les A3+ «condamnent fermement les attaques menées (dernièrement par le mouvement M23) contre les Casques bleus et le personnel militaire de la Sami-RDC (troupes de la Force de la communauté de développement de l’Afrique australe)», tout en félicitant la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) «qui préserve sa posture de défense pour protéger les civils et s’acquitter de son mandat».
Les A3+ appellent les rebelles du M23 à cesser les hostilités, invitant le gouvernement de la RDC à «travailler de bonne foi avec les parties concernées» afin de mettre fin au conflit. Le groupe des A3+ appelle «tous ceux qui appuient les avancées du M23 à mettre fin à cette assistance qui hypothèque la paix et la stabilité à long terme de la RDC et de toute la région», a-t-il lancé, exhortant le Conseil de sécurité à «contribuer à la désescalade et à éviter de pointer du doigt telle ou telle partie».
A.I