Août 1945 : Philippe Pétain, ancien «héros» de la Première Guerre mondiale, est condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison.
Une sentence commuée en réclusion à perpétuité du plus haut de ses 91 ans. Celui qui fut célébré en 1919 comme le «vainqueur de Verdun» tombe en disgrâce pour avoir collaboré avec l’Allemagne nazie. Ce procès, symbole de la souveraineté française retrouvée grâce à l’Oncle Sam à la fin de la guerre, demeure une référence historique.
Aucun cri de grâce ne viendra, dès lors, troubler l’exécution symbolique de cette justice.
Juillet 2020 : Deux anciens agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Pierre-Marie H., 69 ans, et Henri M., 73 ans, sont condamnés respectivement à douze et huit ans de prison pour avoir livré des secrets d’État à la Chine.
À huis clos, sans divulgation des détails, la justice française a scellé leur sort dans l’opacité. Deux mois plus tard, un lieutenant-colonel français, affecté à l’OTAN, est arrêté par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour intelligence avec la Russie.
Là encore, l’affaire est jugée dans le silence. L’opinion publique n’est ni témoin ni juge : la souveraineté française reste le maître-mot. Affaire Sansal, vous dites ?
Aujourd’hui, une nouvelle affaire de trahison s’agite dans l’air tumultueux de la politique, mais cette fois-ci, elle résonne de l’autre côté de la Méditerranée. Boualem Sansal, qu’un certain nombre d’intervenants considèrent comme un écrivain de renom, est soupçonné de haute trahison par son propre pays, qui le dépeint comme un «haut cadre de la nation» ayant agi contre les intérêts essentiels de l’Algérie.
Des preuves numériques, prétendument largement diffusées sur la toile, seraient au cœur de cette étonnante affaire.
Pourtant, cette situation divise fortement l’opinion. Les partisans de Sansal évoquent son âge avancé, 75 ans, pour plaider en sa faveur : pourquoi, dans un pays où la France n’a pas montré de clémence envers des figures comme Pétain, même nonagénaire, ni envers des agents septuagénaires, devrait-on se montrer indulgent envers ce vassal de la France devenu un expatrié par le simple cours des événements ?
Ces affaires, bien que séparées par des époques distinctes et des contextes nationaux divergents, soulèvent une question cruciale : où s’arrête l’application de la justice et où commence l’instrumentalisation politique ?
Dans ce paysage troublé, la France néocolonialiste se mêle sans réserves des affaires algériennes, mais l’Algérie, en tant que nation souveraine, entend verser dans un refus déterminé de toute ingérence.
Hier, le 1er novembre 1954 a plongé la Toussaint dans le deuil, et le 5 juillet 1962 a marqué l’avènement de son indépendance totale.
Quels objectifs poursuivent donc ces néocolonialistes français et leurs alliés d’extrême droite européenne?
L’Algérie affirmera sa souveraineté, comme le proclament ses magistrats, et Boualem Sansal sera jugé au titre de cette souveraineté indéniable. Son jugement sera prononcé bientôt, en toute justice, au nom du peuple algérien.
A. Malek