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L’Espagne et le Sahara occidental : Un héritage contesté

Soixante ans après la mort de Franco, l’Espagne, ancienne puissance coloniale, s’apprête à organiser une conférence majeure sur la décolonisation inachevée du Sahara Occidental.

Prévue pour le milieu du mois d’octobre 2025, cette rencontre, placée sous le patronage du ministère de la Politique territoriale et de la Mémoire démocratique, ambitionne de revisiter le retrait précipité des forces espagnoles du Sahara occidental. Ce colloque s’inscrit dans une série d’initiatives gouvernementales visant à éclairer des pans méconnus de l’histoire espagnole, notamment ceux relatifs à la transition démocratique.

Selon « El Independiente », l’objectif est de combler une lacune mémorielle et d’exhumer les zones d’ombre d’une période charnière. Lemus, historienne contemporaine à l’université de Huelva et co-organisatrice de la conférence, souligne l’impérieuse nécessité de “mettre au jour ce chapitre obscur de notre histoire nationale”, insistant sur la nature préliminaire de ce retrait par rapport aux événements ultérieurs.

Juristes et historiens de renom se pencheront sur les modalités de ce repli stratégique et les facteurs ayant précipité cette décision, laissant inachevé le processus de décolonisation engagé auprès des Nations Unies. Les débats porteront sur le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui et analyseront le rôle, parfois obstructif, des diplomates espagnols dans la paralysie de cette aspiration fondamentale.

L’année 1975, marquée par le décès du Caudillo, constituera le pivot chronologique de la conférence. Le Maroc, sous Hassan II, tira profit de l’instabilité politique espagnole pour asseoir son hégémonie sur le Sahara Occidental. Selon le professeur Lemus, le retrait espagnol visait à “aplanir la transition politique intérieure en minimisant les risques”, suivant un modèle – avorté – inspiré de la stratégie portugaise.

Contrairement au Timor oriental, l’Espagne n’assuma pas ses responsabilités envers le Sahara Occidental. Son départ précipité, motivé par une conjonction de facteurs – éviter un conflit colonial prolongé pendant la transition démocratique et répondre aux pressions internationales, notamment américaines et françaises, dans le contexte de la Guerre froide – a engendré un conflit endémique d’une durée de près d’un demi-siècle.

Le Sahara Occidental demeure, aux yeux de l’ONU, l’un des derniers territoires colonisés. L’aspiration légitime du peuple sahraoui à exercer son droit fondamental à l’autodétermination se heurte au refus persistant du Maroc d’organiser un référendum d’autodétermination, perpétuant ainsi un héritage lourd de conséquences géopolitiques.

Samir Méhalla

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