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Reconstruction de Ghaza : L’enjeu central du cessez-le-feu

Le cessez-le-feu, fragile armistice conclu après quinze mois de conflit israélo-palestinien, ne marque pas la fin des hostilités mais l’amorce d’une nouvelle phase, potentiellement plus périlleuse encore.

L’épineux problème de la reconstruction de Ghaza s’impose comme un enjeu central, déterminant la stabilité régionale à moyen et long terme. La question ne se limite pas à l’aspect logistique d’une reconstruction physique, mais englobe des dimensions politiques, géostratégiques et humanitaires complexes.

L’agression sioniste, lancée en réponse à l’attaque surprise du Hamas le 7 octobre 2023, visait initialement l’éradication de cette organisation qualifiée de terroriste par de nombreux acteurs internationaux. Bien que l’opération ait infligé de lourdes pertes au Hamas- un affaiblissement substantiel de ses effectifs militaires est avéré-, son influence politique demeure prépondérante.

Le remplacement des cadres dirigeants tués par de nouveaux recrus, comme le souligne le Secrétaire d’État américain, ne remet pas fondamentalement en cause cette réalité.

Le Hamas, malgré ses pertes considérables, continue de gérer l’acheminement de l’aide humanitaire et de superviser les camps de déplacés, s’affirmant ainsi comme l’autorité de facto.

La reconstruction de Ghaza implique donc une interrogation fondamentale sur le rôle futur du Hamas. Un gouvernement alternatif, pacifique et non-lié au Hamas, est évoqué par les autorités israéliennes.

Cependant, l’exclusion de l’Autorité Palestinienne (AP), pourtant acteur légitimement reconnu par la communauté internationale, complexifie davantage le processus. Cette exclusion s’explique par les accusations d’incitation à la violence portées par l’occupant contre l’AP, illustrant la profonde défiance régnant entre les deux parties.

L’éventualité d’un partage du pouvoir entre le Hamas et des technocrates indépendants, une hypothèse explorée lors de pourparlers égyptiens, reste une perspective incertaine.

L’ampleur des dégâts causés par le conflit est considérable. Les estimations chiffrent les destructions à près des deux tiers des bâtiments de Ghaza. Le système de santé, déjà précaire avant la guerre, est gravement affecté.

Les besoins humanitaires sont immenses : malnutrition aiguë, traumatismes psychologiques affectant une population immense, besoins médicaux urgents… La simple augmentation des livraisons d’aide, prévue par l’accord de cessez-le-feu, ne suffit pas à pallier les profondes carences structurelles et les défis complexes de la distribution.

Parallèlement, la question des otages israéliens détenus par le Hamas demeure un levier de pression significatif. Le processus de libération, étalé sur plusieurs phases, illustre la complexité des négociations et le rôle du Hamas dans les interactions futures avec l’État sioniste. Pour ce dernier, la reconstruction de Ghaza ne peut se dissocier d’une solution politique qui mette un terme au règne du Hamas.

La reconstruction de Ghaza se trouve au cœur d’un imbroglio géopolitique. La question de la gouvernance du territoire, le rôle du Hamas, l’implication de l’Autorité Palestinienne, les besoins humanitaires criants et les enjeux liés aux otages constituent autant de facteurs qui rendent la perspective d’une reconstruction rapide et durable extrêmement improbable.

Le cessez-le-feu ne marque qu’une pause dans un conflit dont la résolution requiert un dialogue difficile, une volonté politique forte des différents acteurs et une prise en compte des intérêts multiples et souvent contradictoires qui s’affrontent. Le spectre de l’échec de la reconstruction et d’une nouvelle flambée de violence reste un risque majeur.

 Samir Méhalla

Samir Mehalla

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