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L’ombrage gaulois

Depuis le 16 novembre 2024, une page tragique et tumultueuse se lit dans l’interminable drame des relations franco-algériennes.

Il ne s’agit plus d’une simple querelle diplomatique, mais bien d’une offensive polymorphe, une agression insidieuse menée par la France à l’encontre de l’Algérie, une nation déterminée à ne pas fléchir face à son ancien colonisateur.

Ceci dépasse les banales querelles politiques, c’est une manœuvre de déstabilisation pernicieuse, une résurgence des spectres coloniaux dissimulés sous le masque d’une ingérence injustifiée.

La presse française, instrument cynique de cette nouvelle guerre froide, se fait l’orateur d’une campagne de diffamation systématique. La caricature grotesque du président Tebboune, crument dépeint comme le manipulateur de “tiktokeurs,” dans les colonnes du magazine Le Point, ne constitue pas une simple dérive journalistique.

C’est un acte prémédité, une ignominie qui révèle l’arrogance condescendante et le mépris latent que la France continue d’entretenir envers notre pays.

Ce geste, loin d’être isolé, s’insère dans un cadre plus vaste, une stratégie de discrédit qui vise à éroder la légitimité du gouvernement algérien et à miner le moral de sa population.

L’offensive ne se résume pas à la sphère médiatique. De lourdes suspicions de manigances secrètes, d’ingérences dans les affaires intérieures de l’Algérie, voire d’un soutien à des factions dissidentes, pèsent avec gravité.

La conjecture d’une coordination militaire dans cette entreprise malveillante ne doit pas être écartée, sa silhouette lugubre s’étendant sur les relations entre les deux nations.

La France semble avoir occulté, ou choisi d’ignorer, la charge historique de son passé colonial, le sang répandu, les souffrances endurées par le peuple algérien durant la guerre d’indépendance.

Cette amnésie sélective n’est pas seulement immorale, mais politiquement autodestructrice. L’Algérie, loin d’être un ensemble fragile, est une nation robuste, orgueilleuse de son indépendance chèrement acquise. Son économie, malgré les vicissitudes géopolitiques, démontre une croissance significative. Son armée, modernisée et professionnelle, est apte à défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale.

En s’engageant dans ce chemin périlleux, la France semble méconnaître ou sous-estimer l’inflexible détermination du peuple algérien à préserver sa liberté et à forger un avenir indemne de l’ombre accablante d’un passé colonial.

Le silence étourdissant concernant le destin des sept millions de binationaux vivant en France est révélateur. Ces individus, pont culturel entre deux mondes, pourraient jouer un rôle important dans un rapprochement pacifique.

Pourtant, la France, aveuglée par sa stratégie archaïque, les néglige, préférant attiser les ressentiments et les tensions. Cette politique autarcique témoigne d’une consternante myopie politique.

Le parallèle avec les erreurs stratégiques françaises du passé est saisissant. La France, obnubilée par son propre récit national, semble incapable de s’adapter à la nouvelle donne géopolitique.

Elle persiste dans une politique néocoloniale, aveuglée par une nostalgie impériale dépassée. Cette politique, non seulement contre-productive mais aussi profondément injuste, risque d’engendrer des conséquences désastreuses, tant pour la France que pour la stabilité régionale.

Forte de son histoire et de sa détermination inébranlable, l’Algérie ne se laissera pas intimider. Elle opposera une réponse ferme et digne aux provocations françaises. Cette nouvelle confrontation ne saurait être considérée comme une crise passagère. C’est un tournant fatal dans les relations franco-algériennes, un moment décisif qui requiert une vigilance accrue et une réaction résolue de la communauté internationale.

L’avenir des relations entre ces deux nations reposera sur la capacité de la France à renoncer à ses archaïsmes impérialistes et à engager un dialogue prudent et constructif. À défaut, l’ombre gauloise persistera à se projeter sur l’Algérie, assombrissant le chemin vers une réconciliation sincère et durable.

S. Méhalla

Samir Mehalla

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