Une fois de plus, le Maroc semble vouloir tirer parti des convulsions géopolitiques entre la France et l’Algérie, scrutant les failles d’un édifice potentiellement occupé par des enjeux internationaux hors de son champ cognitif.
La conjoncture actuelle, marquée par un ressuscité antagonisme entre l’Algérie et la France, offre, pense-t-on, au royaume chérifien une opportunité inespérée pour alimenter des revendications territoriales qui, sous couvert de discours nationalistes, masquent un opportunisme déloyal, dépassant la simple ambition politique pour toucher aux fondements mêmes de la dignité nationale algérienne.
L’irruption de déclarations belliqueuses émanant de politicards marocaines, à l’image de M. Benkirane, révèle une stratégie cynique visant à exploiter les tensions géopolitiques entre l’Algérie et la France pour rêver des territoires nationaux.
Cette posture, empreinte d’une audace démesurée et d’un hasard indigne, ne saurait être qualifiée autrement que de perfidie. Elle met en lumière non seulement l’irrédentisme territorial marocain, mais aussi, faut bien le mettre en avant, une profonde crise des partis politiques algériens, révélée par une inertie inacceptable face à une agression du Makhzen, prélude potentiel à des actions dangereuses.
M. Benkirane, figure emblématique et hautement médiatisée des islamistes marocains, s’est donc placé en avant- garde de cette offensive verbale en revendiquant des zones géographiques ayant été le théâtre de sacrifices incommensurables de la part nos chouhada, qui ont, par leur bravoure, arraché leur liberté des griffes du colonialisme français au moment où Benkirane siestait sous un honteux protectorat.
Les mots de cette crapule, empreints d’une impertinence frappante, résonnent comme autant de coups de poignard dans une plaie déjà béante.
Ces flamboyantes déclarations ne sont rien d’autre qu’un écho des rancœurs historiques qui resurgissent hélas à la faveur de l’inertie et de la léthargie de nos partis politiques.
L’Algérie, monument historique de la résistance et de la lutte pour l’indépendance, apparaît aujourd’hui en proie à une série de défis qui tentent d’exacerber sa vulnérabilité.
Les ramifications de cette situation complexe sont aggravées par le silence assourdissant des partis politiques algériens.
L’inaction des partis politiques, à l’exception notable de quelques voix isolées comme celle de M. Bengrina, ne saurait être interprétée que comme un signe inquiétant d’apathie.
Ce mutisme inexpliqué et inexplicable, que l’on pourrait ériger en doctrine, projette une image d’une classe politique déconnectée des réalités, une élite qui semble plus préoccupée par d’autres priorités que par la préservation des acquis précieux de la nation.
En conséquence, les yeux de l’opinion publique se tournent avec une acuité croissante vers cet assemblage politique, interrogeant la légitimité même de sa présence ou de son influence sur le cours des événements nationaux.
Cet état des lieux appelle à une introspection profonde et à une remise en question urgente des fondements mêmes des partis politiques algériens.
Il est impératif de revoir les bases juridiques, populaires et militantes de ces formations, de s’interroger sur leur légitimité et leur capacité à servir l’intérêt supérieur de la nation.
Le silence complice de certains partis face à une tentative d’usurpation territoriale est un symptôme de la maladie qui ronge le corps politique algérien. Il s’agit d’un appel pressant à une revitalisation démocratique, à une refondation des partis politiques, à une mobilisation citoyenne sans faille pour préserver l’intégrité du territoire national et garantir la pérennité de la République.
L’heure n’est plus aux tergiversations, mais à l’action résolue et à la défense intransigeante de la souveraineté algérienne.
Le silence est désormais une forme de complicité, et l’indifférence, un danger mortel pour l’avenir de la nation.
Il est donc impératif et urgent de convoquer des assises politiques, véritables laboratoires de pensée et d’innovation, capables de redéfinir les fondements juridiques, populaires et militants des partis algériens.
Cette convocation ne doit pas se limiter à de simples débats d’idées, mais s’ériger en un mouvement de réinvestissement collectif dans l’avenir de la République. Le temps est venu de réaffirmer les valeurs qui sous-tendent l’identité algérienne, en défendant avec ferveur l’héritage que cette nation a su construire au cours des siècles.
Dans ce cadre, il devient essentiel que chaque partisan de la souveraineté algérienne prenne conscience de son rôle central, non seulement en tant qu’acteur de l’agenda politique, mais comme garant de la mémoire collective et de la fierté nationale.
Au cœur de cette réflexion doit se situer une impérieuse nécessité : l’édification d’une nouvelle narration nationale. Ce récit, profondément ancré dans le vécu historique, doit intégrer les réalités contemporaines tout en réhabilitant les luttes passées pour l’intégrité et la souveraineté. Le défi consiste à créer un pont entre l’histoire glorieuse de l’Algérie et les aspirations d’une jeunesse à la recherche de repères et de modèles pour affronter une mondialisation qui, trop souvent, semble effacer les spécificités culturelles au profit d’un uniformisme insidieux.
En somme, la préservation de la République doit être placée au-dessus de toute manœuvre politicienne. La solidarité entre les algériens doit transcender les clivages partisans pour donner naissance à un front uni capable de faire face aux provocations extérieures.
Le royaume chérifien ne doit pas seulement être perçu comme une menace, mais comme un catalyseur qui, par sa propre hubris, incite les Algériens à se rassembler autour de valeurs communes, en défendant une souveraineté inaliénable.
La sauvegarde de l’entité nationale et des droits des Algériens ne peut être reléguée à un arrière-plan. L’héritage des luttes passées, convergeant vers la nécessité d’un renouveau politique, appelle à une mobilisation active et à une défense énergique des acquis nationaux. La résilience algérienne, forgée dans les feux de l’histoire, doit aujourd’hui se réaffirmer face aux bruits de bottes de l’opportunisme géopolitique.
Cette épreuve n’est rien de moins qu’un test de fidélité envers des valeurs profondes, qui, si elles sont mises de côté, risquent d’être anéanties par l’indifférence et l’inaction.
Enfin, l’histoire jugera tous ceux qui, par leurs hésitations et leurs silences, pourraient compromettre l’avenir d’un pays dont la grandeur s’est construite à travers ses luttes, ses souffrances, mais aussi ses fiertés. Il est temps, pour l’Algérie, de renfiler son armure, de se dresser avec courage et détermination, et de rappeler haut et fort au monde que son intégrité et sa dignité sont des aspirations non négociables.
S. Méhalla