Les propos de M. Macron, aussi péremptoires qu’insipides, révèlent une profonde ignorance, voire un dédain arrogant, à l’égard de la souveraineté algérienne et de son histoire.
Son assertion selon laquelle l’Algérie se «déshonore» en retenant son ignoble et protégé Sansal est non seulement une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures d’un État indépendant, mais aussi une manifestation d’un colonialisme intellectuel aussi désuet qu’offensant.
Oubliant sciemment, ou par une amnésie aussi coupable qu’opportuniste, la complexité du système judiciaire algérien et son indépendance de fait, il se pose en juge suprême, un arbitre autoproclamé d’une justice qu’il ne connaît pas et qu’il ne comprend pas.
Il semble croire, avec une naïveté confondante ou une présomption insupportable, pouvoir dispenser leçons de droit et de morale à une nation qui a traversé des épreuves historiques d’une ampleur incommensurable.
Cette présomption s’apparente à une insulte, à une transgression flagrante des règles élémentaires du respect international.
L’Algérie n’est pas une république bananière, soumise aux caprices d’une puissance étrangère, même si les vestiges d’un passé colonial continuent, hélas, de hanter les relations entre nos deux pays. M. Macron, dans son orgueil démesuré, semble ignorer que la souveraineté algérienne repose sur des institutions, certes perfectibles, mais qui s’efforcent de fonctionner dans un cadre légal et démocratique.
L’allusion à la justice algérienne comme un instrument de répression est une accusation grave, infondée, et surtout irresponsable, provenant d’un chef d’État qui devrait faire preuve de plus de mesure et de discernement.
Le cynisme de ces propos est d’autant plus flagrant lorsqu’on évoque l’histoire commune, lourde de cicatrices et de silences assourdissants. Parler de «déshonneur» sans aborder le génocide colonial, la spoliation systématique, l’oppression séculaire et les innombrables crimes commis par la France en Algérie, relève d’une hypocrisie insupportable.
Où est le déshonneur, M. Macron ? Est-ce dans le rappel de la mémoire collective, dans la revendication d’une justice longtemps différée, ou dans le refus de se soumettre à un récit officiel falsifié et édulcoré ? L’oubli organisé, la négation systématique des atrocités coloniales, la tentative de réécrire l’histoire sous le couvert des «droits de l’homme» – voilà le véritable déshonneur, le véritable scandale, une tache indélébile sur la conscience de la France.
La traite négrière, les crimes de Vichy, la complicité avec le régime de Pétain, le soutien indéfectible à des groupes terroristes ayant ensanglanté l’Algérie – autant de chapitres sombres, autant de faits avérés, que Macron préfère ignorer dans son discours condescendant.
L’Algérie n’a pas besoin de leçons de morale d’une puissance qui porte encore le poids d’un passé colonial dur de conséquences, un passé que cette puissance refuse obstinément de regarder en face, un passé qu’elle tente de masquer sous un voile hypocrite de regrets superficiels.
Le véritable déshonneur réside dans cette omerta persistante, dans ce refus de repentance, oui repentance !, et de réparation véritables.
Que Monsieur Macron se penche sur son propre passé, qu’il s’interroge sur les crimes et les fautes de son pays avant d’adresser des accusations aussi légères et aussi méprisantes à une nation fière de son histoire et déterminée à défendre son intégrité et sa souveraineté. Son inculte suffisance est aussi déplorable que sa malhonnêteté intellectuelle.
S. Méhalla