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Le Qatar menace l’Union européenne : Vers une crise énergétique majeure ?

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Europe a cherché à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz

 

 

Le ministre qatari de l’Énergie, Saad Sherida al-Kaabi, a lancé un avertissement sans équivoque à l’Union européenne dans les colonnes du Financial Times : si des sanctions financières sont appliquées en vertu de la nouvelle directive européenne sur la durabilité, le Qatar cessera ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) vers le bloc.

La Directive européenne de diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises, entrée en vigueur en juillet dernier, vise à imposer aux entreprises des normes strictes en matière de droits de l’homme et de protection de l’environnement. Les entreprises ne respectant pas ces exigences s’exposent à des amendes pouvant atteindre 5 % de leur chiffre d’affaires mondial annuel.

Saad al-Kaabi a dénoncé ces mesures comme étant « ingérables » pour des géants énergétiques comme QatarEnergy. Selon lui, ces amendes équivalent à « 5 % des revenus générés par l’État qatari » et constituent une atteinte directe aux finances publiques du pays.

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Europe a cherché à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz, faisant du Qatar un acteur stratégique. Les accords à long terme signés avec des pays comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas ont permis de pallier la diminution des importations de gaz russe. En 2023, près de 20 % des besoins en GNL de l’UE étaient couverts par le Qatar.

Cependant, l’adoption de cette directive, combinée aux objectifs climatiques ambitieux de l’UE pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, menace de compromettre ce partenariat. La mise en œuvre complète des nouvelles règles est prévue pour 2027, ce qui laisse peu de temps pour trouver un terrain d’entente.

L’arrêt des exportations de GNL qatari pourrait avoir des répercussions importantes. Une telle éventualité pourrait compromettre la sécurité énergétique européenne, d’autant que les stocks européens de gaz sont encore fragiles. La perte des approvisionnements qataris risquerait de provoquer des pénuries, notamment en hiver. Conséquence, une hausse des prix de l’énergie : L’arrêt des livraisons accentuerait la volatilité des marchés, augmentant la facture énergétique pour les ménages et les entreprises. En outre, elle aura un impact géopolitique. Cette crise pourrait affaiblir davantage la position de l’UE dans les négociations avec d’autres exportateurs d’énergie comme les États-Unis ou la Norvège.

Al-Kaabi a laissé entendre qu’un ajustement des règles, limitant les sanctions aux revenus générés sur le territoire européen, pourrait ouvrir la voie à des négociations. Toutefois, l’UE semble déterminée à faire respecter ses engagements environnementaux, malgré les défis que cela représente. D’autant plus que comme le signale Selectra la consommation de gaz est en baisse : -8,3 % à fin septembre 2024 en France.

Alors que l’Europe s’efforce de concilier sécurité énergétique et transition écologique, la position du Qatar constitue un rappel brutal des défis économiques et géopolitiques liés à la durabilité. Cette menace pourrait-elle inciter l’UE à revoir sa directive ou accélérer la diversification de ses fournisseurs ?

Rédaction Crésus

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