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Le Soudan met fins aux accords avec les Émirats : Vers une souveraineté économique?

Le Soudan a récemment annulé un projet majeur en coopération avec les Émirats arabes unis concernant la construction du port d’Abou Amama, un projet stratégique sur la mer Rouge.

Il comprenait un port, des zones économiques, des infrastructures touristiques et un aéroport. Cette décision intervient alors que les Émirats sont accusés de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire en conflit avec larmée régulière soudanaise. Le gouvernement soudanais, sous l’impulsion du Premier ministre, a annoncé sa volonté de réévaluer tous les investissements émiratis, soulignant la nécessité de protéger la souveraineté nationale.

L’annulation de ce projet a des répercussions économiques considérables. Les Émirats ont été lun des plus grands investisseurs étrangers au Soudan, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des mines et des infrastructures. Le port d’Abou Amama devait renforcer leur présence stratégique dans la région, mais Khartoum considère désormais que ce partenariat met en péril ses ressources naturelles. Le ministre des Finances, Jibril Ibrahim, a justifié cette annulation en mettant l’accent sur la protection des intérêts nationaux, notamment des ressources maritimes et agricoles.

Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de réorientation de l’économie soudanaise et de diversification des partenariats. L’analyste en sécurité Amine Majzoub a suggéré que Khartoum pourrait également réduire les investissements émiratis dans d’autres secteurs, comme l’exploitation minière, où les Émirats ont une forte présence. Le secteur de l’or, notamment, pourrait être particulièrement touché, avec des exportations vers Dubaï représentant une part importante des recettes du pays. Le Soudan envisage de limiter ces exportations, notamment en raison des liens présumés entre les Émirats et les FSR, un tournant décisif dans les relations bilatérales.

Cette rupture a des conséquences directes sur la coopération entre les deux pays. Alors que les Émirats étaient un allié majeur du Soudan après la chute d’Omar el-Béchir, ce revirement montre la volonté de Khartoum de réduire sa dépendance vis-à-vis des puissances étrangères. La fermeture du projet du port pourrait également entraîner des sanctions économiques contre les entreprises émiraties opérant au Soudan, perturbant ainsi des secteurs essentiels comme l’agriculture et le commerce.

Ce changement de cap survient dans un contexte plus large où le Soudan cherche à renforcer ses liens avec d’autres puissances, telles que la Russie et la Turquie. Le Soudan a signé un accord avec la Turquie pour le développement dun autre port à Sawakin, et poursuit des négociations avec la Russie pour la construction dune base militaire. Ces initiatives visent à diversifier les partenariats économiques et à éviter une relation asymétrique avec les Émirats. Le gouvernement soudanais semble ainsi vouloir maximiser ses relations internationales tout en protégeant ses ressources stratégiques et en limitant les ingérences extérieures.

L’analyste politique Yasser Jabara souligne que l’annulation du projet nest pas seulement une décision économique, mais aussi géopolitique. Elle reflète la volonté du Soudan de redéfinir ses priorités sur la scène internationale et d’éviter que la mer Rouge ne devienne un terrain de rivalités géopolitiques où des puissances étrangères tenteraient d’influencer les dynamiques locales. Le gouvernement semble vouloir garantir que les investissements étrangers respectent des critères de transparence et de réciprocité, pour éviter une dépendance excessive à l’égard de pays tiers.

Cette politique de souveraineté économique pourrait permettre au Soudan de mieux maîtriser ses ressources naturelles, en particulier dans des secteurs vitaux comme l’or. Cependant, si les tensions avec les Émirats sintensifient, le pays pourrait se retrouver confronté à des difficultés économiques, notamment si les investissements émiratis diminuent ou si ces derniers se redéploient ailleurs en Afrique de lEst. Toutefois, le Soudan explore déjà de nouveaux partenariats avec des puissances comme la Russie et la Chine, offrant ainsi des alternatives aux investissements du Golfe.

En conclusion, l’annulation du projet du port d’Abou Amama marque un tournant dans les relations économiques entre le Soudan et les Émirats. Cette décision, qui illustre la volonté de Khartoum de réaffirmer sa souveraineté économique, s’inscrit dans une stratégie visant à diversifier ses partenariats et à protéger ses ressources stratégiques. Bien que le Soudan fasse face à des défis internes et externes, cette politique pourrait ouvrir la voie à un renouveau économique et permettre au pays de retrouver une place plus équitable dans les dynamiques économiques mondiales.

Synthèse R.I

Rédaction Crésus

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