L’Algérie a récupéré plus de deux millions de documents historiques de France, a indiqué jeudi à Médéa le coordinateur algérien de la commission mixte algéro-française «Histoire et mémoire», Mohamed Lahcen Zeghidi.
Intervenant lors d’une rencontre sur «Le tourisme au service de la Mémoire», organisée à la bibliothèque principale de lecture publique, Mohamed Lahcen Zeghidi a fait part de la restitution par la France de plus de deux millions de documents historiques, récupérés par l’Algérie dans le cadre du travail de cette commission. Co-organisée par les directions du tourisme et de l’artisanat et des moudjahidines et ayants droit, avec le concours de l’association «Mechaâl Echahid», à l’occasion de la journée mondiale du tourisme (27 septembre), la rencontre vise à «promouvoir les différents aspects liés à l’Histoire de l’Algérie, en particulier ceux relatifs à la période de la résistance populaire et à la guerre de Libération nationale», a précisé le directeur local du tourisme, Djilali Chemani.
La récupération de ces archives, d’une valeur historique «inestimable» pour l’Algérie, est le fruit du travail de la commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire, mise sur pied dans le cadre des principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration d’Alger signée le 27 août 2022 entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, Emmanuel Macron, a-t-il expliqué. Le locuteur a tenu à rappeler, au cours de cette rencontre, l’importance qu’accorde le président de la République à la question de la Mémoire et qui a abouti à la restitution, en juillet 2020, de 24 crânes de résistants algériens à la colonisation française, qui étaient conservés dans un musé français. Les révélations de Mohamed Lahcen Zeghidi interviennent quelques jours après que les médias français ont fait état d’une réunion, jeudi 19 septembre, entre Emmanuel Macron et les membres français de la commission mixte franco-algérienne d’historiens au palais de l’Élysée. L’occasion pour le président français de réitérer «sa détermination à poursuivre le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation engagé depuis 2017 et noué avec l’Algérie dans le cadre de la Déclaration d’Alger», selon le communiqué de l’Élysée. Une réunion mise à profit par Benjamin Stora, qui préside la commission d’historiens côté français, d’interpeller le président français sur la possibilité de la reconnaissance par la France de l’assassinat, en 1957, de Larbi Ben M’hidi, une des figures algériennes de la guerre d’indépendance. «Nous verrons bien comment nous allons avancer», a répondu le chef de l’État, témoigne pour Le Point Afrique Benjamin Stora. «Il n’a pas dit non, et mon sentiment est qu’il attend le moment pour le faire», ajoute l’historien. «J’ai senti que le Président était très déterminé, quelle que soit la réponse des Algériens d’ailleurs. Il veut poursuivre le travail sur le dossier mémoriel».
Arrêté à Alger en février 1957, Larbi Ben M’hidi a été assassiné le 4 mars, et son meurtre a été initialement camouflé en suicide.
Cependant, des déclarations ultérieures de militaires impliqués, comme le colonel Bigeard, ont révélé que Ben M’hidi avait été tué sur ordre supérieur, un fait corroboré par le général Paul Aussaresses, qui a avoué dans ses mémoires avoir exécuté l’ordre de tuer Ben M’hidi.
Un tel geste de reconnaissance confortera la volonté d’Emmanul Macron d’apurer le différent mémoriel entre l’Algérie et la France, d’autant qu’il a déjà admis la responsabilité de l’État français dans d’autres cas, tels que ceux de Maurice Audin et Ali Boumendjel, tous deux assassinés pendant la guerre d’Algérie.
Synthèse Badis B.