Les spécialistes du monde du renseignement s’inquiètent de l’arrivée en masse d’agents venus de l’étranger pour mener des missions de surveillance, voire de recrutement lors des JO. Les Jeux olympiques qu’organise la capitale français Paris, jusqu’à la mi-août, représentent « une aubaine pour les espions du monde entier «, selon bon nombre de spécialistes des questions sécuritaires. «Les services de contre-espionnage seront, quoi qu’il arrive, débordés», s’inquiètent en effet les autorités françaises qui sont sur le qui-vive. Cette problématique a d’ailleurs été largement évoquée par l’hebdomadaire français Marianne, dans sa dernière édition. «Il y a les athlètes, dans la lumière. Et il y a ce qui se joue dans l’ombre. Les Jeux Olympiques – et ceux de Paris ne font pas exception- sont l’occasion pour les services de renseignement du monde entier de se retrouver tous au même endroit. On s’y observe et on s’y jauge. On échange aussi des infos, on tente de régler des conflits régionaux et on surveille de près de stratégiques deals commerciaux», écrit-on d’emblée. Dans son dossier Marianne, estime à cet effet, que c’est «tout autre olympiade se déroule en marge des épreuves sportives, faite de manuvres de renseignement, d’activisme diplomatique, de deals commerciaux, de tractations en tout genre menées par des agents officiels, voire officieux «et ils y viennent des cinq Continents». Interrogé, un ancien cadre du ministère français des Affaires étrangères, est formel. «Les événements sportifs et les railles de chefs d’État laissent toujours place à d’innombrables conciliabules entre services, mais aussi à de beaux moments de diplomatie devant les caméras», explique-t-il. Selon une note consultée par Marianne, l’ambassade étasunienne, à deux pas de l’Élysée, abrite son propre centre de renseignement-qui jouit donc de l’immunité diplomatique et de l’inviolabilité. Le FBI, la CIA, la NSA et autres agences moins connues, comme la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency y sont donc accueillis, comme les services de quelques pays amis, triés sur le volet. «Au moins une centaine d’agents sont venus en renfort, et il est improbable que l’État français soit tenu informé du dispositif global, notamment de la présence d’agents sous couverture [qui ne sont pas officiellement déclarés aux autorités françaises]», affirme une source côté renseignement, sans que Marianne puisse obtenir aucune confirmation officielle de ce chiffre. De côté, le Quai d’Orsay use de sons beau langage diplomatique pour botter en touche, déplore Marianne: « Les États-Unis sont des alliés avec lesquels nous échangeons des informations, toute initiative fait l’objet de discussions et de procédures. Ils sont obligés de tout déclarer».
Les agents secrets en grand nombre
Mais que viennent faire ces bataillons d’agents sur le sol français, dont le nombre est supérieurs aux contingents invités par l’État français à venir garnir, notamment, les travées du Centre de renseignement olympique de l’avenue de Ségur ? «Il est peu probable qu’ils lancent des opérations de recrutement de sources, explique Olivier Mas, ancien de la DGSE. Cela prend plusieurs mois, dans le meilleur des cas. Un diplomate toujours actif, ajoute : «Il y a des reprises de contact avec d’anciennes connaissances également sur place, des messages délivrés entre services de différents pays mais, surtout, il s’agit d’assurer la sécurité des délégations sportives, des dignitaires et de leurs ressortissants. «Et ainsi d’épauler des services français en apnée, ultra- mobilisés, afin d’écarter toute menace contre les 10 500 athlètes et d’éviter les tentatives de déstabilisation. Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir choisi de faire grossir le nombre de leurs agents déjà en poste en France. Londres a aussi fait de son ambassade un nid d’espions pendant la durée de cette olympiade en y déployant notamment des agents du Secret Intelligence Service (SIS), le fameux MI6. Et pour cause, les ressortissants britanniques représentent, selon Paris 2024, le premier contingent d’étrangers dans la capitale pendant l’été. Ainsi, au-delà des délégations à risque, les nations participant aux Jeux ont pour la plupart joué la surenchère dans le déploiement massif d’agents. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, a confié, dans une interview accordée au JDD, qu’une centaine d’agents-espions ou informateurs-ont été écartés. Ils évoluaient sous d’autres couvertures : journalistes, kinésithérapeutes, staff technique. «Ils ne sont pas là pour commettre des attentats, a-t-il déclaré. Mais, outre le renseignement ou le traditionnel espionnage, il y a la possibilité d’entrer dans les réseaux informatiques pour mener une cyber attaque. Avant le coup d’envoi des compétitions, les organisateurs s’attendaient à environ 4 milliards d’attaques ! Elles peuvent mettre à plat jusqu’aux réseaux téléphoniques. La panne mondiale pré-jeux Olympiques a alimenté l’agitation, bien qu’elle n’ait aucun lien avec une quelconque offensive extérieure.
Sur Marianne/ Synthèse Y.O