Auteur d’un but prodigieux contre la France, Lamine Yamal a lancé l’Espagne vers sa finale mais surtout signé définitivement son acte de naissance aux yeux du monde entier. Celui qui fêtera ses 17 ans samedi dispose d’un talent absolument unique et de la personnalité qui va avec.
Le temps s’est arrêté un instant à Munich, mardi soir, en même temps que le cœur des supporteurs français. En quelques secondes, Lamine Yamal a laissé sur place Adrien Rabiot, puis enroulé, presque à l’arrêt, une frappe du gauche absolument somptueuse qui s’est logée dans la lucarne opposée. Le but du tournoi, jusqu’ici. Il fallait bien tout cela pour faire craquer l’une des équipes les plus solides de cet Euro. Pour tromper le quasi infranchissable Mike Maignan, possiblement le meilleur gardien du monde actuellement. Tout cela… par un gamin de 16 ans.
16 ans et 362 jours, exactement. Faites le calcul : le crack barcelonais fêtera ses 17 ans samedi, à la veille de la finale entre sa Roja et l’Angleterre ou les Pays-Bas. Il faut bien réaliser ce que veulent dire ces chiffres, et les suivants : Yamal est devenu le plus jeune buteur de l’histoire dans une compétition majeure. L’acte de naissance, le vrai, d’un gamin au talent hors-norme, aux yeux du monde, d’un Kylian Mbappé scotché par son but, d’un Rodri émerveillé par son coéquipier après la rencontre, d’un Luis de la Fuente qui a parlé du «génie d’un génie».
Sa saison écoulée au Barça – 7 buts et 10 passes en 50 matches toutes compétitions confondues – voulait déjà dire beaucoup. Comme ses trois passes décisives dans cet Euro. On n’aurait jamais osé dire d’un adolescent qu’il lui “manquait” un but en Ligue des champions, ou dans un match référence. On allait s’extasier sur ce qu’il faisait déjà, et lui laisser le temps de grandir, évidemment. Mais de temps, il n’a pas.
La réponse à Rabiot
«Nous sommes en finale et maintenant, nous allons remporter le titre, a lâché l’homme du match, euphorique après la rencontre. Mon but ? Je n’ai pas réfléchi, j’ai juste mis le ballon au fond». Tout a l’air si simple pour celui qui, au cœur d’un second acte beaucoup plus discret, a encore fait trembler les Bleus d’une frappe enroulée qui est déjà sa marque de fabrique (81e). «S’il veut jouer la finale, il faudra qu’il fasse beaucoup plus que jusqu’à présent», osait lundi un Adrien Rabiot beaucoup plus inspiré devant la presse que sur le terrain le lendemain. Yamal lui a répondu sur le terrain, en faisant même du milieu tricolore le spectateur privilégié de ce bijou. Dans les mots, aussi. «Parle, maintenant», a-t-il lancé à une caméra peu après le coup de sifflet final. La veille au soir, sur Instagram, il écrivait déjà : «Avance en silence, parle seulement au moment de dire échec et mat». Yamal a frappé, marqué puis parlé. L’attitude des très grands, déjà. Echec et mat.