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Législatives françaises : Sahara occidental, le grand gagnant

En remportant les législatives, la gauche françaises a chamboulé tous leurs plans du Makhzen qui comptait sur un gouvernement dirigé par le Rassemblement National pour reconnaitre la pseudo-marocanité du Sahara occidental.

 

 

Victime collatérale, le Makhzen se morfond dans sa solitude. Lui qui espérait une victoire aux législatives française du Rassemblement National, parti du clan Le Pen, doit broyer du noir tout en ruminant sa peine. En effet, le RN, qui bénéficie d’un soutien inconditionnel du Royaume chérifien, selon une enquête du journal français « L’Express », n’a pas remporté assez de sièges de députés pour obtenir une majorité relative et ainsi avoir les coudées franches pour une cohabitation. Une élection remportée par l’Alliance de gauche, le Nouveau Front Populaire, certes sans majorité absolue, mais qui a revendiqué, hier, le droit d’appliquer son programme de rupture, quitte à nouer des alliances parlementaires au coup par coup, en attendant de parvenir à désigner une personnalité pour diriger le gouvernement. En somme, une rupture totale avec la politique de l’extrême droite mais surtout des locataires du Palais de l’Elysée. Des locataires ayant de tout temps soutenus la politique expansionniste du Makhzen. Avril dernier, le ministre français de l’Économie a indiqué que la France était prête à participer au financement d’un projet marocain dans le territoire occupé du Sahara Occidental. Tandis que plusieurs cadres du RN ont affiché leur volonté de se rapprocher du Maroc. Au pouvoir, ils seraient plus enclins à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Un scénario échafaudé par le Maroc et ses relais. Depuis quelques années, le quatuor Maroc-Égypte-Émirats arabes unis et l’entité sioniste a multiplié les signes d’affection envers le RN. Une connexion qui remonte à l’époque de feu Hassen II et dont l’ex- conseiller fiscal n’est autre que l’ancien vice-président du Front national, Jean-Claude Martinez. Le décor est planté et la boucle se ferme. D’ailleurs, le RN n’a jamais caché ses positions pro-marocaines, notamment « la marocanité » du Sahara occidental. « De tous les partis en lice, celui de Marine Le Pen pourrait en effet s’avérer le plus sûr ami du Maroc, quand bien même la monarchie s’est gagnée des sympathies dans toute la classe politique française » souligne le journal « Le Monde » dans son édition du 6 juillet, sous le titre « Le Maroc, vieille passion de l’extrême droite française » . Et d’ajouter que « l’alliance apparaît contre nature au regard de la fermeté prônée par le RN en matière de politique migratoire et de l’idéologie raciste de plusieurs de ses membres. Mais, à de rares exceptions près, c’est bien de l’extrême droite que sont issus les plus fervents soutiens du Maroc en France ». Parmi eux, Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains qui a rallié le RN.

Pressenti pour diriger le ministère de l’Intérieur en cas de victoire du RN aux élections législatives, Éric Ciotti a affiché la couleur en mai 2023 lors d’une visite au Maroc en compagnie de Rachida Dati, sons soutien à la « marocanité » du Sahara occidental. Mais en remportant les législatives, la gauche françaises a chamboulé tous leurs plans. En effet, un retour de la gauche au pouvoir risque de remettre en cause l’accord tacite entre le Maroc et la France, qui à l’heure où la paix est une priorité internationale, privilégie ses intérêts économiques et géopolitiques à court terme au détriment du respect du droit international et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il en est de même avec la Grande-Bretagne ou le Parti travaillistes a repris le pouvoir. Pour rappel, l’amélioration des relations entre Rabat et Londres n’a pas échappé aux critiques des députés travaillistes. D’ailleurs, suite à la victoire écrasante du Parti travailliste aux élections générales anticipées du 4 juillet au Royaume-Uni, le président de la République arabe sahraouie démocratique et Secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a adressé ses félicitations au Premier ministre Keir Stramer. Dans son message, Brahim Ghali a souligné qu’il était « reconnaissant du soutien indéfectible que des centaines de députés travaillistes et de Lords ont apporté à notre peuple alors qu’il cherche à exercer son droit inaliénable à l’autodétermination ». Il espère que le Royaume-Uni, sous la direction de Keir Stramer, « contribuera de manière concrète et efficace aux efforts internationaux visant à décoloniser le Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique, au service du maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans notre région ». Aussi, un revirement de la position de la France et de la Grande-Bretagne sur le dossier du Sahara occidental n’est pas à écarter. Ce qui serait une grande victoire pour le Front du Polisario. Au grand dam du Makhzen.

Badis B.

 

Rédaction Crésus

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