L’enjeu stratégique pour le pays hôte, au-delà de renforcer son influence sur le marché énergétique régional et international, pourrait être surtout un accès privilégié aux investissements énergétiques.
L’Algérie n’accueillera pas le siège de la Banque africaine de l’énergie (AEB Sa candidature pour abriter le siège de la Banque africaine de l’énergie n’a pas été retenue. Parmi les critères fixés par l’Organisation des producteurs de pétrole africain (APPO) pour être éligible, le pays doit disposer de locaux adéquats et avoir déjà souscrit au capital de la banque. Deux conditions que l’Algérie remplit. Néanmoins, après une âpre bataille, c’est finalement le Nigéria qui a été choisi. Il a damé le pion à ses trois concurrents : l’Algérie, le Bénin et le Ghana. La Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud ont été recalées n’ayant pas rempli tous les critères. C’est le Nigeria qui a été choisi finalement pour accueillir le siège de cette Banque de l’énergie, une nouvelle institution panafricaine dédiée au financement de projets pétroliers et gaziers en Afrique. La nouvelle a été donnée, jeudi, par le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Heineken Lokpobiri cité par l’agence Ecofin.
La décision finale sur le lieu de domiciliation du siège de la banque a été prise par l’APPO, lors de la 45e session extraordinaire de son Conseil des ministres. L’enjeu stratégique pour le pays hôte, au-delà de renforcer son influence sur le marché énergétique régional et international, pourrait être surtout un accès privilégié aux investissements énergétiques.
«Je suis ravi d’annoncer que le Nigeria a été choisi pour accueillir le siège de la Banque africaine de l’énergie. Cet honneur prestigieux témoigne du leadership et de l’engagement de notre pays dans le secteur de l’énergie (…). La Banque africaine de l’énergie sera la pierre angulaire du financement de projets énergétiques à travers l’Afrique, promouvant l’innovation, la durabilité et la croissance économique», a indiqué le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Heineken Lokpobiri, jeudi 4 juillet sur sa page Facebook officielle.
L’AEB, une initiative lancée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’APPO, vise à catalyser les investissements dans les énergies renouvelables et fossiles, tout en promouvant l’innovation et la durabilité. L’AEB se positionne clairement comme une banque de développement dont le leitmotiv est de financer ou d’assister les projets de développement économique. En outre, elle se présente comme une réponse à la réduction des financements internationaux pour les projets d’énergies fossiles, notamment en réaction aux décisions prises lors du Sommet mondial sur le climat à Glasgow en 2021, où plusieurs pays développés ont cessé le financement de tels projets à l’étranger sans techniques de capture de carbone. Pour ce faire, l’AEB qui débutera avec un capital de 5 milliards de dollars, est destinée à une montée rapide en puissance afin de soutenir des projets énergétiques souvent très coûteux. Elle incarne l’ambition de l’Afrique de prendre en main son avenir énergétique, dans un contexte où les promesses financières des pays développés, destinées à compenser les dommages environnementaux qu’ils ont causés, restent souvent non tenues. Le choix du Nigeria, préféré à des concurrents tels que l’Algérie, n’est pas sans rappeler l’échec, juillet 2022, de l’Algérie dans a quête d’abriter le siège de l’agence africaine du médicament (AAM), organe de l’Union africaine (U.A). Le Conseil exécutif de l’UA avait opté, à l’issue des travaux de la 41e session ordinaire de l’UA tenus à Lusaka, Zambie, pour le Rwanda, petit pays de l’Afrique de l’Ouest, aux dépens de l’Algérie. Avec ses nombreux atouts dans le domaine, l’Algérie était, pourtant, bien placée pour abriter le futur siège de l’AAM, au même titre que l’AEB mais elle a été victime d’« un lobbying hostile de la part des grands laboratoires pharmaceutiques » avait expliqué une source proche du dossier. C’est dire l’importance du lobbying et du jeu des coulisses.
Badis B.