Le gouverneur de la région du Darfour, Minni Minnawi, a lancé, hier, un appel pressant à la communauté internationale, exhortant à une action rapide et décisive pour aider la Cour pénale internationale (CPI) à recueillir de nouvelles preuves des crimes commis dans la région.
Cet appel intervient à un moment critique où le Darfour, situé au Soudan, est ravagé par une guerre brutale et continue. Cette demande de Minnawi fait suite à un appel urgent lancé par le procureur de la CPI, Karim Khan. Dans un message vidéo diffusé mardi, Khan a imploré les témoins et toutes les parties concernées de fournir des preuves ou des matériaux susceptibles de mettre en lumière les atrocités que subissent les civils dans la région du Darfour. Khan a exprimé sa vive inquiétude face aux accusations de crimes de guerre et de crimes contre lhumanité commis à grande échelle, en particulier à El Fasher et ses environs. Depuis l’année dernière, le Soudan est plongé dans une guerre dévastatrice entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR). Ce conflit a aggravé la crise humanitaire dans le pays, provoquant le déplacement de milliers de personnes, la destruction d’infrastructures vitales, et une dégradation dramatique des conditions de vie. Minnawi a souligné l’importance d’une intervention rapide et d’un soutien international à la CPI pour garantir que les responsables de ces crimes soient traduits en justice. «Il est essentiel que ces efforts soient soutenus par l’ensemble de la communauté internationale pour contribuer à mettre fin à la crise humanitaire au Darfour», a-t-il déclaré. Karim Khan a insisté sur la nécessité pour les témoins de fournir des preuves tangibles, qu’il s’agisse de documents visuels ou auditifs, pour aider à l’enquête en cours. Il a révélé que ses enquêteurs avaient découvert des preuves accablantes de crimes systématiques dirigés contre des civils en raison de leur origine ethnique, notamment des viols et des attaques contre des hôpitaux. Les propos de Khan interviennent peu de temps après une attaque des FSR qui a conduit à la fermeture d’un hôpital principal à El Fasher. Médecins Sans Frontières a rapporté que des membres de ce groupe armé ont tiré et pillé l’établissement. El Fasher, qui compte plus de 1,8 million d’habitants, dont de nombreux déplacés, est la seule capitale administrative du Darfour qui n’est pas sous le contrôle des FSR. La ville est un centre humanitaire crucial dans une région confrontée à une crise alimentaire imminente. Les habitants d’El Fasher décrivent la ville comme un «enfer sur terre», où la vie peut être perdue à tout moment. Toby Harward, adjoint au coordinateur de l’aide humanitaire des Nations Unies au Soudan, a récemment rapporté à Al Jazeera l’intensité de la souffrance et du danger auxquels sont confrontés les résidents. La CPI avait déjà émis des mandats d’arrêt contre l’ancien président soudanais Omar el-Béchir pour des accusations de génocide commis au Darfour entre 2003 et 2008. La situation actuelle ne fait que souligner la nécessité d’une justice continue et de la collecte de nouvelles preuves pour poursuivre les responsables des crimes en cours. Le gouverneur Minnawi et le procureur Khan espèrent que cet appel à l’action mobilisera la communauté internationale pour apporter un soutien crucial et mettre fin aux souffrances dans la région du Darfour.