À 18 jours des législatives anticipées, le président français Emmanuel Macron a présenté, hier, son plan stratégique pour obtenir une «majorité claire» pour le reste de son quinquennat et contrer l’extrême droite, qui se trouve proche du pouvoir.
Après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale suite aux mauvais résultats de son camp aux élections européennes, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse en fin de matinée à Paris pour expliquer sa décision. Dans son discours liminaire, il a justifié cette décision par la nécessité de « répondre démocratiquement «à la victoire du Rassemblement national le 9 juin. « Nous ne pouvions rester indifférents ou sourds à ce résultat, et nous devions apporter des réponses démocratiques», a-t-il affirmé. Macron a mentionné un « blocage « à l’Assemblée nationale, rendant nécessaire une dissolution pour clarifier la situation et faire confiance au peuple et à la démocratie. Le président a insisté sur la nécessité de clarifier les choses, critiquant les alliances contre-nature aux deux extrêmes, notamment entre certains députés Les Républicains (LR) et le Rassemblement national, ainsi que les efforts d’union de la gauche pour les législatives du 30 juin. «Depuis dimanche soir, les masques tombent. Nous avons des alliances contre-nature aux deux extrêmes», a-t-il déclaré. Admettant une part de responsabilité dans l’échec de son camp aux européennes, Macron a reconnu ne pas avoir apporté de « réponses « suffisantes aux «inquiétudes », mais a défendu les résultats obtenus par son gouvernement. Il a appelé à une coalition de sociaux-démocrates, de radicaux, d’écologistes et de républicains autour de projets communs, tout en affirmant qu’il ne ferait pas lui-même campagne ni ne débattrait avec Marine Le Pen, et qu’il ne démissionnerait pas quel que soit le résultat des législatives. Macron a lancé un appel au rassemblement des «bonnes volontés» pour dire «non aux extrêmes» et a annoncé une «bataille des valeurs» en vue des législatives anticipées. Il a promis un gouvernement capable de répondre à la colère et aux urgences des Français, soulignant que «le sursaut, c’est pour maintenant» afin d’éviter de remettre les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027.
En détaillant les axes de campagne, Macron a mis en avant la nécessité de continuer à agir pour plus de sécurité, de fermeté, et de mettre en uvre les lois votées pour réduire l’immigration illégale. Il a critiqué les réponses proposées par les extrêmes gauche et droite, les accusant de s’éloigner des valeurs républicaines. «Ce qui est proposé aujourd’hui par l’extrême gauche, c’est une réponse par le communautarisme et le laxisme, et ce qui est proposé par l’extrême droite, c’est une réponse à l’insécurité par la sortie de la République», a-t-il jugé. Macron a également annoncé des mesures pour répondre à la montée de la violence des mineurs, une ambition écologique et économique, ainsi que des améliorations pour le quotidien des Français, incluant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et l’indexation des retraites sur l’inflation. Il a aussi suspendu le projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, à l’origine de récentes émeutes dans l’archipel. Emmanuel Macron a ainsi présenté une vision de rassemblement et de fermeté, visant à obtenir une majorité claire pour continuer à gouverner et à répondre aux défis posés par l’extrême droite et l’extrême gauche. Le président espère mobiliser les Français autour de ces valeurs pour les prochaines législatives du 30 juin.
R.I /AFP