Le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté une résolution à Vienne, proposée par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour sanctionner le programme nucléaire iranien. Les États-Unis ont également soutenu cette initiative.
Après une première tentative infructueuse en mars, la France a pu mobiliser des soutiens pour sanctionner le développement continu du programme nucléaire iranien, malgré les difficultés croissantes pour l’AIEA d’effectuer des inspections. Lors du précédent conseil des gouverneurs, le 4 mars écoulé, il n’avait pas été possible de déposer un texte. Cependant, lors du conseil de lundi soir, les trois pays ont pu présenter la résolution.
Grâce à des efforts de lobbying intensifs, 20 des 35 membres de l’AIEA ont voté en faveur de la résolution, atteignant ainsi le nombre de voix nécessaire. Les États-Unis, initialement réticents en raison des complexités géopolitiques du Moyen-Orient, ont finalement soutenu le texte après des négociations difficiles rapportées par les agences de presse.
La dernière résolution sur le nucléaire iranien remontait à novembre 2022 et avait été adoptée par 22 voix sur 35. Cette fois-ci, la Russie, la Chine et douze autres pays se sont abstenus, tandis qu’un membre était absent, selon l’AFP.
La résolution actuelle met en lumière les manquements de l’Iran, notamment son incapacité à prouver le caractère pacifique de son programme nucléaire et la dissimulation de sites d’enrichissement d’uranium. L’objectif est de relancer les discussions avec Téhéran. Un diplomate a souligné l’importance du signal envoyé sur le plan du droit international.
La mission iranienne auprès des Nations unies a qualifié la résolution de “précipitée et déraisonnable”, affirmant qu’elle aurait un “effet destructeur sur le processus d’interaction diplomatique et de coopération constructive”, selon l’agence de presse iranienne Isna et des déclarations faites à Al-Monitor.
La résolution demande un nouveau rapport sur la présence de particules d’uranium dans deux sites non déclarés, Varamin et Turquzabad, et exhorte l’Iran à rétablir l’accréditation de certains inspecteurs expérimentés, ainsi qu’à remettre en fonction les caméras de surveillance sans délai.
« Avec l’expiration prévue de l’accord sur le nucléaire de 2015 (JCPOA) en octobre 2025, il est crucial de rétablir un rapport de force avec l’Iran avant toute reprise éventuelle des négociations », a indiqué, lors d’une conférence de presse, Rafael Grossi, directeur de l’AIEA. Il a insisté, en effet, sur la nécessité de clarifier la situation des sites, des centrifugeuses et du stock d’uranium enrichi.
Selon Bloomberg, Téhéran a indiqué que « cette coopération constructive ne devait pas être minée par des intérêts politiques de court terme ». La Chine et la Russie ont conjointement demandé aux Européens et aux Américains de rouvrir les négociations sur le JCPOA, que l’administration Trump avait quittées en 2018.
R.I. /AFP