Les organisateurs affichent cette année encore la volonté de promouvoir la destination Algérie, et notamment en orientant « le grand public et la communauté nationale à l’étranger (…) vers le tourisme intérieur » précise le commissariat du salon. Un objectif, en partie réalisable, mais qui se heurte néanmoins à la question des prix dissuasifs encore proposés par les opérateurs nationaux. Une baisse notable ne serait d’ailleurs pas d’actualité. Le ministre du tourisme reconnaît lui-même que la filière n’est pas encore entrée dans « l’ère de la concurrence ».
En effet, le secteur du tourisme se divise, dans les grandes lignes, en trois catégories : Le tourisme Saharien qui attire les visiteurs étrangers, le tourisme thermal et enfin le tourisme balnéaire qui concentre actuellement l’attention. Ainsi, l’offre de ce dernier reste pour le moment insuffisante face à l’ampleur de demande enregistrée. Les vacanciers algériens, résidents au pays ou ceux des communautés à l’étranger, sont dans ces conditions confrontés à des tarifs élevés non-négociables. Les prix les plus bas pour une simple chambre d’hôtel « correcte » pour deux personnes, sont généralement à plus de 5000 dinars par jour. Inabordables pour une famille nombreuse ou pour les foyers modestes. La majorité des vacanciers, qui font le choix de rester au pays, s’oriente dans ces conditions vers la location d’appartements dans des régions comme Skikda, Tipaza ou Mostaganem… . Un choix logique, mais qui cause toutefois un fort manque à gagner pour les opérateurs des complexes touristiques et des stations balnéaires.
Et l’explication derrière cette situation paradoxale est simple. Elle tient en une seule phrase : l’absence de concurrence. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, avait fait savoir lors d’un point de presse le 21 mai dernier, que malgré les investissements déjà consenties dans le parc hôtelier, « la demande est encore plus forte que l’offre, nous ne sommes pas encore entrés dans l’ère de la concurrence ». Par ailleurs, il a noté que de véritables « promotions » ou « baisse des prix » des séjours, ne pourront être envisagées par les opérateurs qu’après «amortissement » des investissements consentis. La politique du secteur du tourisme, explique le ministre, mise en effet sur le secteur privé, jugé plus à même d’offrir un service de qualité, dans la durée. En termes de chiffre, Mokhtar Didouche avait laissé entendre que la filière part de loin, avec seulement « 84000 lits disponibles dont 10% aux normes internationales ». La réforme du secteur comprend notamment la réhabilitation des 30 000 places des hôtels publique, ou encore « l’amélioration des prestations » a également encouragé l’investissement privé. Ce qui a abouti aujourd’hui à une moyenne de « 6000 places supplémentaire par an »
Par ailleurs, au vu du manque de capacités d’hébergement, notamment au plus fort de la saison estivale, le ministre du Tourisme envisage plusieurs autres pistes. La plus évidente est en ce sens « le développement de l’hébergement chez l’habitant ». Une formule déjà présente dans plusieurs régions, notamment dans le sud du pays, mais qui devrait bénéficier « prochainement » d’une nouvelle réglementation. Le texte, en phase de d’élaboration, devra « réglementer et encourager » cette activité, notamment en « facilitant les procédures de déclarations eu niveau des APC ». Dans cette même logique de développement du secteur, la réforme de la législation devra également concerner le secteur de l’artisanat. Ainsi l’activité, présente au niveau du SITEV, demande la protection de son savoir-faire. Le ministre parle en ce sens de l’élaboration prochaine d’une « charte de l’artisanat » pour la protection de l’image du produit algérien, « souvent copié et plagié ».
Nadir K.