Espérant à chaque montée de balle des Spurs que Son Heung-Min trouve l’ouverture, priant pour que Guglielmo Vicario se convertisse le temps d’une soirée, une soirée seulement, en un mur infranchissable.
Le temps d’une soirée, le sort du rival traditionnel importait peu. Seul comptait le sort du rival qu’Arsenal regarde droit dans les yeux depuis deux saisons maintenant, Manchester City. Peine perdue : grâce à Erling Haaland et Stefan Ortega, les Skyblues ont ramené les trois points qu’ils étaient venus chercher à Londres, et les voici en position de force pour devenir une nouvelle fois champion d’Angleterre. Il leur suffit de dominer West Ham ce dimanche à l’Etihad Stadium pour s’en assurer.
Juste en-dessous, Arsenal a désormais toutes les chances de boucler l’exercice dans le rôle du dauphin, comme l’an passé. Cruel, d’autant plus que cette saison, les Gunners se sont montrés plus solides et plus matures encore qu’en 2022-2023. Eux qui avaient fini sur les rotules en ne gagnant que 3 de leurs 9 derniers matches de championnat, eux qui avaient lâché prise face à Manchester City dans le duel au sommet en perdant 4-1, ils n’ont même pas flanché dans la dernière ligne droite cette année. Il y a bien eu cette baisse de régime au mois de décembre. Il y a aussi eu cette défaite face à Aston Villa (0-2) à domicile mi-avril, entre les deux manches du quart de finale de Ligue des champions, celle qui a permis à Manchester City de reprendre comptablement la main sur le classement de la Premier League. Sauf qu’avec le nul obtenu à Manchester City (0-0) fin mars, qu’on qualifiera difficilement de contre-performance, ce sont les deux uniques rencontres que les Gunners n’ont pas remportées depuis New Year’s Day en championnat. Meilleure défense du championnat, Arsenal a encore progressé dans sa gestion des rencontres tout au long de l’année. Mikel Arteta a montré qu’il était capable de faire évoluer ses schémas de jeu, levant les doutes raisonnables apparus au début de la saison. Phil Foden a été élu joueur de l’année par les journalistes en Angleterre, mais Philippe Auclair a rappelé dans Tour d’Europe qu’on se souviendrait certainement plus de la performance de Martin Odegaard, l’infaillible et résilient capitaine des Gunners. Kai Havertz et Declan Rice, arrivés l’été passé, ont tous deux prouvé qu’ils constituaient deux renforts de choix à leur poste. En parallèle, Arsenal s’est hissé en quarts de finale de Ligue des champions, une première depuis 2010. Et pourtant, le spectre de la saison blanche refait surface.
Difficile d’identifier ce qui manque à ce club. On sait en tout cas ce qu’il ne lui manque pas, à savoir un ogre en guise de concurrent direct. Ce dimanche, Arsenal clôturera face à Everton une saison épatante avec l’énergie d’une équipe qui s’accroche à un bien mince espoir : voir Manchester City se prendre les pieds dans le tapis rouge, celui qui doit le mener à son dixième trophée de champion d’Angleterre. Pas le genre de la maison. Mais si jamais les Gunners venaient à reprendre la première place, une chose est certaine. Ce titre, ils ne l’auront pas volé.