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Résidence Royale de Behanzin Kondo du Benin à Blida : Plaidoyer pour un classement 

Il s’agit du Roi Behanzin Kondo, l’homme qui a organisé et mené une farouche résistance à l’occupation coloniale française de son pays. En tous points de vue, la destinée de cet homme hors du commun s’apparente à celle de l’Emir Abdelkader

Tous deux ont lutté jusqu’aux dernières limites de l’épuisement de leurs ressources. Tous deux ont été emprisonnés puis exilés. L’Emir est mort à Damas en 1886 et Behanzin  à Blida 20 ans plus tard, en 1906 .

Dans la ville de Djimé son pays natale où il est inhumé, l’imposante statue du Roi Béhanzin trône comme un symbole de la résistance.  Dans la solitude de sa captivité le valeureux Behanzin proclame solennellement une parole d’honneur restée dans les annales ; Je n’accepterais jamais de signer de traité contre la liberté dans la terre de mes aïeux »  Et il en sera ainsi. Cette détermination lui vaut un exil forcé en 1894 en Martinique, le pays de Frantz Fanon, une autre figure de la résistance à l’oppression puis en Algérie au mois d’avril 1906, dans une zone discrète du quartier Douirette de Blida.

Les 12 longues années d’enfermement l’ont anéanti.  Soumis à une surveillance de tous les instants, isolé dans cette ancienne résidence de Sœurs de la Charité, il est réduit à vivre dans un espace hermétiquement cloisonné sans le moindre contact avec l’extérieur, pas même avec les habitants du quartier.

Au quartier Douirette de Blida, les voisins de Behanzin ne savaient rien de ce chef africain venu d’ailleurs. Un roi qui a mobilisé une armée de 15.000 hommes armés de fusils et de machettes et 4000 femmes guerrières redoutables luttant avec acharnement contre une armée dotée d’armes plus puissantes.

Cette « Maison des mystères »   va donner lieu à de nombreuses légendes.  Entourée d’un mur d’enceinte de plus de cinq mètres de haut, au cœur d’un quartier périphérique de la ville, cet ancien cloître devient lieu de peur et des fantômes ; autrement dit « Dar El Ghoula » Le Roi, sous le choc d’un climat glacial en hiver, soumis à un régime alimentaire qui n’était pas le sien, meurt terrassé par une pneumonie après 9 mois de réclusion. Son acte de décès est enregistré le 10 décembre 1906 à la Mairie de Bouzareah à Alger, où il sera inhumé au cimetière Saint-Eugène.  Son fils Ouanilo, devenu avocat, réussit le tour de force de rapatrier la dépuille royale au Dahomey en 1928 dans un climat de ferveur et de dignité.

Le président béninois Thomas Boni Yayi en visite d’Etat en Algérie a tenu à se rendre le 2 février 2015 au lieu de détention du roi. Mais le site en état d’abandon, les diplomates béninois accrédités à Alger ont dissuadé leur président à s’y rendre.

Bien plus tard un groupe de diplomates béninois à Alger a effectué des pèlerinages à la maison du Roi Behanzin à Blida pour épiloguer la longue histoire de leur vaillant Roi.

Qu’est-il devenu de la dernière maison du Roi Behanzin de Blida ?

Aujourd’hui, la résidence en question est toujours à l’abandon. Devenue propriété d’une banque privée saisie pour non satisfaction du crédit hypothécaire, elle risque de tomber entre les mains de promoteurs après sa mise aux enchères.  Si c’est le cas, alors, un haut lieu de l’histoire de la résistance africaine à l’occupation coloniale disparaitra à jamais.  Il est du devoir moral de tout faire pour éviter cet outrage à l’histoire patrimoniale commune de l’Algérie et du Benin.

Redhouane MALEK

Rédaction Crésus

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