Pour de nombreuses familles, cette période est synonyme de préparatifs festifs, notamment en ce qui concerne les délices sucrés qui ornent traditionnellement les tables de l’Aïd.
Mais cette année, une nouvelle dynamique s’est imposée, fusionnant habilement tradition et modernité dans l’art de la pâtisserie algérienne. Au cur de ces préparatifs, les gâteaux traditionnels occupent une place de choix. Du célèbre Baklawa au délicieux Makrout en passant par le tant apprécié Tcharak, ces douceurs sucrées font partie intégrante de l’identité culinaire algérienne. Mais ce qui rend cette année particulièrement spéciale, c’est l’émergence d’une tendance vers une présentation plus moderne et artistique de ces gâteaux traditionnels. Quant aux ingrédients destinés à la confection des gâteaux, une légère hausse des prix a également été constatée cette année, pesant davantage sur les budgets déjà éprouvés par les dépenses du Ramadhan. Cette augmentation, aussi minime soit-elle, impacte significativement les finances des foyers, déjà sollicitées par les achats de gâteaux et les tenues pour enfants.
Flambée des prix des ingrédients
Cependant, cette année encore, les mères de famille algériennes se trouvent confrontées à une flambée des prix dans les magasins spécialisés en ingrédients de gâteaux. Une situation qui impacte lourdement le pouvoir d’achat des consommateurs, déjà mis à mal par les dépenses liées aux festivités. Les commerçants, conscients de la demande croissante en cette période sacrée, n’hésitent pas à revoir leurs prix à la hausse, sans égard pour les revenus des citoyens. Les familles se retrouvent ainsi contraintes de faire des choix économiques, remplaçant parfois les ingrédients onéreux par des alternatives plus abordables. Ceux qui font leurs courses à quelques jours de la fête payeront certainement plus cher. Pour le produit prisé des petites et moyennes bourses, comme les cacahuètes, leurs prix oscillent entre 450 et 458 DA. Si ce prix paraît une bonne alternative pour remplacer les amandes, les noix et les pistaches qui elles placent la barre beaucoup plus haut, pour les familles il sagit dun prix excessif. «Il y a quelques années, jachetais les cacahuètes à 200 DA, voilà que les prix doublent dannée en année. Je ne comprends pas. Je ne sais pas sil existe une réelle politique des prix dans ce pays. Il nest pas normal que les prix dun produit abondant doublent comme ça dautant que le Smig, lui, na pas bougé», raconte une femme au foyer qui faisait hier ses emplettes au marché Meissonnier. Même son de cloche auprès dautres femmes qui étaient au rayon des fruits secs de «luxe», comme elles disent. Plus de 5 000 DA le kg pour les pistaches, les noix sont à 2 500 DA et les amandes entre 1750 et 2 000 DA. La noix de coco est à 1 100 DA, les amandes effilées à 2200 DA. Autre phénomène qui a fait son apparition ces dernières années, lachat de gâteaux déjà prêts. En effet, comme pour le prêt-à-porter, lAlgérien recourt au prêt-à consommer.
Des offres compétitives sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux deviennent un canal essentiel pour les commandes de pâtisseries, mais aussi de vêtements. Cette tendance se confirme avec la multiplication des annonces sur Facebook et Instagram proposant des variétés de gâteaux soit traditionnels ou bien «modernes». Hommes et femmes partagent leurs créations avec le monde entier. Des pages Facebook aux comptes Instagram en passant par les chaînes YouTube, les gâteaux algériens sont désormais présentés comme de véritables uvres d’art, alliant tradition et innovation avec une dextérité exceptionnelle. Les femmes spécialistes en art culinaire ont su saisir cette opportunité pour mettre en valeur le riche patrimoine de la pâtisserie algérienne. Leurs photos impeccables, prises sous les meilleurs angles, témoignent non seulement de leur talent mais aussi de l’authenticité de la cuisine algérienne, faisant rayonner des classiques tels que le Makrout, les Dziriet et les sablés prestige, gâteaux au chocolat… etc. Face à cette demande croissante de gâteaux de l’Aïd, plusieurs écoles de cuisine ont également pris part à cette tendance en proposant des «ateliers de l’Aïd». Ces ateliers, alliant théorie et pratique, offrent aux clientes l’opportunité de perfectionner leurs compétences en pâtisserie dans un cadre convivial et festif. Même les femmes au foyer, souvent débordées par leurs obligations quotidiennes, se tournent vers ces ateliers et les offres disponibles sur les réseaux sociaux. Si certaines préfèrent encore confectionner leurs propres gâteaux à la maison, d’autres optent pour la praticité de l’achat, conscientes du temps et de l’effort nécessaires pour réaliser ces délices sucrés. A cette occasion, les femmes spécialistes en art culinaire en vue de décrocher un maximum de commandes, les artisanes spécialisées dans la fabrication de gâteaux rivalisent pour mettre en exergue les meilleures photos de leurs créations. Elles s’improvisent donc photographes veillant à documenter leurs exquises fabrications avec une haute précision et en choisissant les meilleurs angles. Même les femmes au foyer s’intéressent à ces ateliers qui cherchent désormais les meilleures offres disponibles, en vue de passer commande et chacune a une raison. A ce propos, Mme Fatima de la capitale, a estimé que le choix est devenu large, entre l’achat des gâteaux de l’Aïd ou leur confection à la maison, et ce grâce aux réseaux sociaux et à la possibilité de se faire livrer ces commandes. En revanche, Mme Salima qui est fonctionnaire, considère que le manque de temps ne lui permet pas de préparer les gâteaux préférés de sa famille, préférant ainsi les acheter pour gagner du temps, voire même pour son confort aussi, même si un budget spécial est requis au vu de la hausse palpable du prix des gâteaux, a-t-elle ajouté. En fin de compte, la fête de l’Aïd représente bien plus qu’une simple célébration. C’est une occasion pour les professionnels de la pâtisserie de démontrer leur savoir-faire, de satisfaire une demande croissante et de perpétuer la tradition tout en embrassant la modernité. Alors que le mois sacré touche à sa fin, les festivités de l’Aïd promettent d’illuminer les tables algériennes avec des gâteaux délicieux, symboles d’une culture riche et vibrante.
Yasmine M.