Pour ceux qui en doutaient, ou plutôt pour ceux qui l’ont connu, sachez que Roy Keane n’a rien perdu de son tempérament. Désormais consultant pour Sky Sports UK, l’ancien capitaine de Manchester United affectionne toujours autant les tacles pas vraiment maîtrisés, surtout quand sa cible porte un maillot bleu ciel. Allez, à tout hasard celui de Manchester City. Ainsi, présent en plateau après le match nul décevant entre les Skyblues et Arsenal (0-0) samedi, il s’est montré sans pitié avec un certain Erling Haaland, parfaitement contenu par la paire Saliba-Gabriel. «Le niveau de son jeu en général est très faible, et pas seulement aujourd’hui, a déploré Keane. Je pense que ses attaques générales, ses têtes et sa finition sont les meilleures du monde. Mais son jeu en général pour un tel joueur est si mauvais. Il est presque comme un joueur de quatrième division.» Derrière cette critique volontairement exagérée et accentuée, une vraie question : Haaland est-il vraiment dans le dur ? Pas épargné par les tabloïds, critiqué par une petite partie des supporters de City, le cyborg norvégien semble en effet un peu plus humain depuis quelques semaines. Certes, il demeure le meilleur buteur de Premier League avec 18 buts, talonnée par Mohamed Salah (Liverpool, 16 buts), Dominic Solanke (Bournemouth, 16 buts) et Ollie Watkins (Aston Villa, 16 buts). Sans oublier que, toutes compétitions confondues, l’ex-buteur du Borussia Dortmund comptabilise 29 réalisations en 35 matches. Pas vraiment des stats d’un joueur de 4e division. Il n’empêche, ses dernières sorties sont bien loin de ses standards. Un constat, pour démarrer : Haaland souffre terriblement des matches sans espaces. Et ça, Mikel Arteta l’a bien compris. Samedi, face à des Gunners assez bas et au bloc compact, le Norvégien a souffert. Dans les mouvements comme les déplacements, dans la mobilité comme les duels. Quadrillé, surveillé, il n’est jamais parvenu à prendre l’ascendant sur ses vis-à-vis. Ce n’est donc pas un hasard si, en trois confrontations cette saison (deux en championnat, une en Community Shield) contre Arsenal, il n’a pas inscrit le moindre but.
«Erling doit en faire plus (…) Saliba et Gabriel l’ont mis dans leur poche », reconnaissait Micah Richards, ancien défenseur de City et lui aussi consultant à Sky Sports. Le 10 mars dernier, Virgil van Dijk avait également su le museler lors du choc entre Liverpool (1-1) et City. Plus globalement, Haaland a aussi fait preuve, ces dernières semaines, d’une maladresse étonnante devant le but, notamment lors du derby remporté face à Manchester United (3-1) début mars, où il avait quand même fini par trouver le chemin des filets en toute fin de rencontre.
Lors des onze derniers matches de Premier League, l’international norvégien, blessé pendant deux mois (entre décembre et février) en raison d’une blessure à un pied avec sa sélection, est resté muet à huit reprises. Il a plus marqué en un seul match contre Luton en FA Cup (cinq buts) que durant toute cette période (quatre buts) en championnat. Côté Ligue des champions, une petite réalisation lors du 8e de finale aller-retour contre Copenhague. Pour un total de six en sept rencontres, il fait bon de le souligner. L’exigence extrême envers ses performances découle aussi d’un rendement extraordinaire qu’il a su rendre ordinaire. Plus le joueur est important, plus la critique est acerbe. Un certain Kylian M. pourrait le confirmer.
Guardiola le défend
A l’aube d’un rush final qui s’annonce passionnant, City, encore en lice pour le triplé (FA Cup, Premier League, Ligue des champions), espère donc retrouver le meilleur Haaland. Il le faudra, de toute façon, pour sortir victorieux de la double confrontation face au Real Madrid en quart de finale de C1. «Il peut marquer à tout moment, se félicitait Guardiola début février, juste après son retour de blessure. C’est la qualité d’Erling Haaland. Les deux derniers mois ont été très bons sans lui, mais avec lui, nous sommes une meilleure équipe et nous sommes très heureux qu’il soit de retour.»
En octobre dernier, déjà, le technicien espagnol était monté au créneau pour défendre son attaquant. «Les gens s’attendent à ce qu’il marque quatre buts à chaque fois. Les gens veulent le voir échouer, pestait-il au micro de TNT Sports. Les gens sont là à dire qu’il n’y arrivera pas mais je suis sûr que ce mec marquera des buts toute sa vie. Il a des occasions, c’est une menace incroyable, et parfois il rate.» Pas de quoi altérer sa confiance envers un joueur qui ira «jusqu’à 600, 700 ou 800 buts», selon son coéquipier Kevin De Bruyne. Ce qui serait déjà pas mal pour un joueur «de quatrième division».