Il a suffi de quelques jours de météo clémente pour que les traversées en Méditerranée centrale, entre la Tunisie, la Libye et l’Italie, repartent à la hausse. Environ cinq mille personnes sont arrivées en Italie lors des deux dernières semaines, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies, presque autant que sur la période courant du 1er janvier et le 10 mars. Des chiffres qui restent cependant très inférieurs au plus de 20 400 arrivées comptabilisées entre janvier et mars 2023. C’est pourquoi, décidé à mettre un terme aux flux migratoires, la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, a dévoilé, fin janvier dernier son « plan Mattei » à destination du continent africain. Présenté comme un vaste programme d’investissement, ce plan doit surtout mettre un frein aux flux migratoires africains. Une série de projets prévue en faveur des pays de l’Afrique dans plusieurs secteurs clés, a été annoncée à savoir l’éducation et la formation, l’agriculture, la santé, l’énergie et l’eau. Mais en parallèle Meloni a aussi cherché à convaincre certains pays de jouer aux gendarmes pour stopper les migrants avant leur traversée de la Méditerranée. Cela a été le cas avec l’Algérie ou encore la Tunisie dont les autorités ont rejeté catégoriquement cette proposition malgré la contrepartie financière européenne proposée. L’Italie a même tenté de délocaliser l’accueil des migrants vers un pays africain mais c’est en Albanie qu’elle a fini par construire des centres d’accueil. C’est dire que Giorgia Meloni et son gouvernement ne lésinent pas sur les moyens pour lutter contre l’immigration clandestine. Ayant conscience que le Sahel est un enjeu stratégique pour la sécurité européenne et le contrôle des flux migratoires, l’Italie n’a pas hésité à s’engager militairement en Afrique dans plusieurs missions dont la mission bilatérale de soutien en République du Niger (MISIN). Lancée conformément aux accords bilatéraux conclus en septembre 2017, la MISIN est une initiative visant à stabiliser la région du Sahel en entraînant les forces armées nigériennes et en participant aux activités de surveillance des frontières et du territoire. Le but est d’accroître les capacités locales de lutte contre les trafics illégaux et contre les menaces pour la sécurité, dans une zone géographique d’intervention élargie à la Mauritanie, au Nigeria et au Bénin. Et à ce propos, il y a lieu de rappeler que le Niger, un pays d’une grande importance géostratégique, est en train de devenir un cas exemplaire de guerre d’influence. Après l’expulsion de la France et le départ prochain des États-Unis, l’Italie est le seul pays occidental à disposer d’une base de 250 soldats militaires au Niger. Avec cette présence, le gouvernement Meloni entend contenir l’immigration et montrer que l’Europe reste aux côtés de l’Afrique pour lutter contre les fléaux et le terrorisme. Il y a lieu de rappeler à ce propos que l’Italie participe, depuis plus d’une dizaine d’années, à d’autres missions visant à stabiliser le Sahel dont la Minusma, l’EUCAP Sahel et l’EUTM Mali. L’Italie a aussi pris part à la Coalition pour le Sahel visant à lutter contre le terrorisme mais aussi pour stabiliser la région. Le nouvel engagement italien au Sahel annonce de grands défis car tout échec au Sahel aurait des retombées néfastes et déstabilisatrices dans la région nord-africaine mais aussi au-delà, mettant en danger la sécurité de l’Europe entière.
A.G