Le directeur des statistiques, de la numérisation et de la prospective auprès du Ministère de l’Agriculture, M. Mohamed Tifouri, directement impliqué dans l’opération, qui s’est exprimé hier à la Radio nationale, souhaité une coopération pleine et entière des agriculteurs. «C’est une opération essentielle et nécessaire (…) elle est au bénéfice des agriculteurs», a-t-il affirmé, soutenant que l’actualisation de la «vision de la situation» est un préalable à la réforme du secteur. Les données «devront nous permettre de définir les orientations des différents programmes de développement» et de lancer les pôles agricoles intégrés dans les régions les plus appropriées (…) notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau», a-t-il expliqué. Le même responsable ajoute plus loin que le secteur souffre d’un certain manque d’information fiable, comme d’ailleurs l’a déploré samedi dernier le président de la République. Les dernières années ont été marquées par «d’importants bouleversements » dans l’organisation de l’agriculture, admet-il. «Des exploitations ont été créées, d’autres ont arrêté leur activité, sans que l’information ne remonte aux autorités », précise l’invité de la Radio. Il s’agit de connaître «les capacités des différentes filières, ou les lacunes qu’elles enregistrent (…) c’est comme cela que nous construirons nos futures politiques», a-t-il insisté. Quant au type d’informations que cherche à obtenir le secteur, il s’agit notamment, selon M. Tifouri, de «préciser la taille des exploitations, le type de foncier, la nature familiale ou professionnelle ou encore les outils et équipements utilisés, les bâtiments, hangars, le nombre des employés, saisonniers ou non, leurs âges et leurs niveaux de qualification…». Tout cela, explique le responsabl, «devrait nous permettre de construire des politiques de développement à court, moyen et long terme». Toutefois, la principale difficulté mise en avant hier par M. Tifouri, réside dans la capacité à contrôler l’exactitude des réponses et informations enregistrées. Dans cette logique, il a annoncé qu’une «instruction» a été donnée aux responsables de chaque wilaya « afin que les agents chargés du recensement sur le terrain soient issus des régions, ou au moins, aient une connaissance des spécificités locales». Ainsi, sans mettre en doute la volonté de coopération des agriculteurs, le responsable craint la survenue «d’incompréhensions, par exemple, un même produit, un même légume, peut avoir des appellations différentes d’une zone à l’autre, c’est l’un des points à prendre en compte». Des formations des agents de recensements et des contrôleurs sont également prévues avant le 19 mai, «l’opération doit être unifiée sur l’ensemble du pays. C’est-à-dire qu’elle doit recueillir le même type de données. Chaque agent doit utiliser les mêmes termes et concepts dans leurs rapports (…) un programme de formation a été mis en place dans ce but. Il portera notamment sur la manière de poser les questions».
Et sur le plan technique, le responsable fait également savoir que les agents, «répartis sur plus de 500 zones agricoles à travers le pays» devront recueillir mais aussi «enregistrer les données sur une plateforme numérique dédiée à cet effet». Le délai fixé, entre les 19 mais et 17 juillet, serait suffisant, d’autant que d’importants moyens sont alloués. Chaque zone disposera dans ce but d’un «centre informatique» pour la saisie rapide et quotidienne des informations. Les responsables au niveau local devront par ailleurs faire une première vérification des informations avant leur numérisation, «en cas d’information incomplète ou visiblement erronée, les agents de recensements devront à nouveau se rendre sur les exploitations».
Nadir K.